Vital KAMERHE est libre. L’ex directeur de cabinet du Chef de l’État a bénéficié d’une liberté provisoire. La Cour de cassation a décidé de le relaxer pour des raisons humanitaires, mais assorti d’une caution d’un demi-million. Pendant son procès, ses avocats avaient maintes fois sollicité une liberté provisoire sans succès. Cette fois, c’est fait. Il attend maintenant l’examen de son recours qui déterminera son sort.
Une condamnation contestée.
La condamnation de Vital KAMERHE au premier et au second degré pour détournement n’est jamais passée au goût de ses partisans, ils évoquent une machination pour l’achever politiquement. l’UNC, son parti, continue à dénoncer l’acharnement d’une justice instrumentalisée, à de fins de faire de leur leader »un cobaye d’essai de l’État de droit » prôné par l’allié Udps. A l’annonce de la Libération de l’ancien Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, BUKAVU sa ville natale s’est mise en liesse.
A Kinshasa cependant, où tout s’est passé, la capitale garde son calme, à part quelques partisans qui célèbrent selon eux »la preuve de l’innocence de VK » qui serait en voie de se confirmer en cassation. S’il faut se fier à peu d’images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, l’homme a serré la main de ses proches le même soir, en homme libre. Mais des questions demeurent pendantes, sur les raisons qui ont plaidé à sa cause. Que cache cette mise en liberté provisoire de Vital KAMERHE ? Quel signal pour les éventuels justiciables présumés coupables de détournement des biens publics? Et que devient finalement l’État de droit prôné par le pouvoir de Kinshasa ?
Cette liberté n’est pas définitive, encore moins un acte d’innocenter Vital KAMERHE. Il doit cette décision, à son état de santé, contre 500 milles dollars américains remis à la justice en guise de caution. Si la raison humanitaire demeure valable, mais l’enveloppe annoncée est un »argument faible pour quelqu’un qui aurait détourné dix fois plus que cette somme’‘, confie un homme de droit. L’ONG de droit de l’homme ACAJ a dénonce »un scandale judiciaire » commis par la Cour de Cassation, »pourtant saisie comme juridiction de contrôle de conformité de la décision d’appel à la loi ».
Pour un procès devenu école, tous les observateurs croyaient à l’éradication de la corruption et du détournement de fonds public, mais plus loin à l’engagement de la RDC d’installer une justice impersonnelle et indépendante. L’on craint que la justice ferme les yeux sur la responsabilité de KAMERHE dans l’échec d’un projet qui a coûté au trésor des dizaines de millions de dollars. Vital KAMERHE serait-il bénéficiaire de l’une des décisions judiciaires dans les affaires similaires, dont les prévenus ont obtenu la liberté provisoire et l’arrêt définitif de la procédure?
En terme de soutien, l’homme n’en souffre pas trop. Déjà le Président de la République continue à croire en la personne de KAMERHE. Felix TSHISEKEDI a annoncé que VK jouera encore un rôle important dans le pays. Le pacificateur peut avoir des détracteurs en nombre dans son ancien camp, tout comme dans ce régime, dont il est aussi sociétaire. Mais l’ancien président de l’Assemblée Nationale peut compter sur sa propre influence dans les milieux politiques, et mieux sur son UNC qui a un encrage plus ou moins national.
Avec la Libération de la quasi-totalité de tous les prévenus dans les procès qui se sont succédés dans le dossier 100 jours, KAMERHE est l’un des derniers à quitter la prison pour raison de santé. Pourtant le PDG de SAMIBO, son coaccusé, fatigué d’âge et annoncé aussi malade, reste le seul en prison dans le cadre de cette affaire. Pour Noël TSHIANI, avec la sortie de VK, »la lutte contre la corruption et les détournements des fonds publics deviennent des slogans creux et sans signification ». Si Felix TSHISEKEDI veut faire de la justice l’épine dorsale du redressement de l’État congolais, l’opinion non-partisanne redoute la traque menée par l’IGF contre les crimes économiques, demeure sans suite.
La Rédaction.