La situation est contenue mais pour combien de temps ? L’on se pose encore la question avec beaucoup d’inquiétudes. A Kinshasa, une nouvelle pénurie de carburant a provoqué ces dernières semaines un afflux d’automobilistes et de motocyclistes dans des stations-services. Le carburant s’était fait rare. La ville avait subit son énième pénurie en six mois. Les automobilistes et motocyclistes ont trimé, les stations-services étaient envahies et obligées de fermer. Un spectacle quiba été visible dans les stations de Kinshasa qui disposaient pourtant d’essence. Ces difficultés ponctuelles résultent essentiellement des effets d’un bras de fer économique qui a engendré un afflux des usagers de la route vers les stations-service, créant ainsi une consommation plus élevée qu’habituellement.
Pour des stations services qui ont tenté d’ouvrir souvent dans la soirée, une file de véhicules attendait d’être servi en carburant. Une aubaine pour les plus malins qui corrompt les pompiers pour avoir la part du gâteau avant les autres. Le tableau que présente le secteur pétrolier ces derniers temps à Kinshasa est particulièrement inquiétant. La hausse du prix du carburant à la pompe il y a moins d’un mois n’a pas pu éviter cette situation. Ceux qui en pâtissent, ce sont les populations qui ont du mal à attraper un transport parfois avec d’énormes sacrifices. Il faut débourser le double, voire, le triple du montant habituel.
Il ne s’agit pas en vrai d’une situation de pénurie de carburant, dans un communiqué, Didier Budimbu, le ministère des hydrocarbures avait annoncé qu’il n ‘y avait pas pénurie de carburant, mais plutôt un problème logistique. Il a instruit SEP Congo pour assurer la distribution des produits auprès des stations services. Et s’en suivis une véritable guerre de communiqué. Dans la foulée, SEP Congo avit demandé au gouvernement de payer ce qu’il doit au Socom pour que ce dernier paye, à son tour, ses services. Pour cette structure d’entreposage pétrolier, la solution est simple : que l’Etat paye Socom et Socom payera Sep Congo pour que la situation redevienne normale.
Une démarche qu’avait déjà entrepris le gouvernement congolais. Sur le premier acompte de 5 millions de dollars, le gouvernement a déjà déboursé auprès des sociétés pétrolières 2 millions. Question, comment l’Etat congolais s’est endetté auprès des entreprises pétrolières ? Et à quelle hauteur est estimée cette dette ? Le prix du carburant est déterminé en fonction de l’évolution de 3 paramètres, le prix d’importation des pétroliers, la structure du volume par zone géographique et le taux de change. Lorsqu’un de ces facteurs dépasse le seuil de tolérance fixé à 5%, une adaptation des prix est requise.
En RDC, le prix du carburant à la pompe, dans la pratique résulte des négociations entre le gouvernement et les sociétés pétrolières. D’une part, les sociétés pétrolières maintiennent les prix artificiels à un niveau le plus bas et d’un autre, le gouvernement s’engager à couvrir les pertes et les manques à gagner. Le gouvernement prend donc en charge 40 % du prix réel de chaque litre du carburant à la pompe pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs.
En réalité, le litre à la pompe devrait coûter environ 2 dollars. Or actuellement le litre coûte 1,2 dollars. Donc, pour chaque litre payé à la pompe, l’état ajoute 0,8 dollars.
Fin décembre 2022, le gouvernement devait aux sociétés pétrolières 420 millions de dollars américains. Une politique qui s’est montrée très coûteuse tant bien que cette régulation s’avère cruciale en raison de la nature stratégique du carburant et de son impact sur divers secteurs. L’interrogation sur l’efficacité de cette politique de subvention du prix du carburant à la pompe refait surface. Doit-on supprimer ou maintenir cette subvention ?
Son implication représente un fardeau financier considérable pour le tresor public. Le gouvernement paye 50 millions de dollars par mois pour compenser les pertes des pétroliers. Le retard dans le payement affecte la capacité des entreprises à renouveler leurs stocks en temps opportun. Supprimer la subvention aura une répercussion sur le coût de la vie, coût élevé du transport, des denrées alimentaires et autres biens de première nécessité. Pérenniser cette subvention dans la forme actuelle pose des défis considérables. Consacrée un fonds aux subventions prive d’autres secteurs essentiels comme la santé, l’éducation et autres.
Initialement, le financement des subventions devait provenir du mécanisme de Stock de sécurité conçu pour compenser les pertes. Mais sur terrain, la stratégie s’est avérée peu opérationnelle contraignant le gouvernement à puiser dans le trésor public. En son temps, le FMI avait préconisé le remplacement des subventions par des mesures plus ciblées, le transfert d’argent direct aux populations vulnérables par exemple.
Alain Mboma