Kinshasa, la capitale de la RDC est aujourd’hui confrontée à nombreux problèmes majeurs. Parmi lesquels la saturation des décharges des ordures. La ville n’a pas une politique d’assainissement pour gerer dignement ses déchets. Selon les statistiques, les Kinois produisent 9 000 tonnes de déchets par jour, dont moins de 10 % sont collectés par la ville. Que faire des déchets ? Ils finissent en grande partie enfouis dans des décharges. Celles-ci débordent, prennent feu, polluent, sentent mauvais, bref, sont fort mal gérées. Un tri qui doit permettre de mieux recycler les produits, mais qui reste encore mal appréhendé par les autorités.

Des ordures de trop à Kintambo, la commune, gère une véritable montagne d’ordures issues des poubelles. Sur les voies publiques on voit ainsi des ordures s’étendre à perte de vue : ce casier de la décharge représente seulement une semaine de déchets ménagers pour une décharge. Sans compte qu’il y a d’autres casiers qui sont un petit peu partout dans la ville. Une quantité qui pourrait être largement réduite si les poubelles qui s’y amassaient étaient correctement triées. Car au milieu des ordures, plus de la moitié des déchets n’ont rien à y faire. On trouve beaucoup de bouteilles en plastique pourtant recyclable ou encore des aérosols, des boîtes en caoutchouc ou des sacs en plastique. A Delvaux, une érosion gigantesque vomit des déchets en fusion dans une odeur épouvantable. Des fumées toxiques saturé l’air des environs. Pendant près d’une semaine, l’incendie ravage cet endroit rempli jusqu’au toit de déchets banals.
L’existence du travail humain dans les décharges à ciel ouvert constitue un double appel à la responsabilité : envers les personnes récupératrices et envers la nature. Ces deux impératifs sont étroitement liés et ne peuvent pas être abordés séparément. Ne pas éliminer les risques que posent les décharges à ciel ouvert aussi bien pour la nature que pour la santé humaine et ne pas protéger les moyens de subsistance dans ce processus constituent deux menaces aussi graves pour les droits humains. Les décharges à ciel ouvert qui se sont multipliées à Kinshasa posent un véritable problème dans la ville. Situées dans des endroits à vocation publique, ces décharges sont à l’origine de plusieurs types de représentations sociales reliées à la perception du déchet qui oscillent entre le rejet et l’utilité.

Le problème des déchets et des décharges à ciel ouvert est un sujet complexe et délicat non seulement en raison des dangers sanitaires que ces derniers représentent mais aussi parce qu’ils prennent une dimension sociale, psychologique et identitaire. Plusieurs dommages à différents niveaux résultent de l’émergence de ces décharges, lesquels dans la plupart des cas sont reliés à la dévalorisation des lieux, aux nuisances sanitaires et à la défiguration des paysages. La situation est connue des autorités depuis des années mais aucune initiative majeure n’a jamais été prise. Les habitants ont donc choisi de cohabiter avec ces odeurs.
Dans le domaine de propreté la population doit travailler mains dans l’a mains avec le gouvernement pour que la ville soit plus attrayante et non laisser la responsabilité à l’autre. Ce qui nous mène à rechercher les raisons pour lesquelles les tentatives de transformation de ces décharges sont infructueuses. Si aucune politique de gestion de déchets en RDC n’a été définie jusqu’à présent par les gouvernements successifs, à quelle logique de localisation géographique les décharges à ciel ouvert en RDC obéissent-elles ?

Perle Mbiya