Alors que les pourparlers avec le Congo voisin étaient très avancés, un sursaut vigoureux des Congolais s’était brusquement manifesté pour faire comprendre aux gouvernants, que l’érection du port en eaux profondes de Banana, était, pour la République démocratique du Congo, une priorité sur le fameux pont qui est envisagé d’être jeté sur le fleuve Congo, pour relier Kinshasa à Brazzaville.
Soucieux de respecter le leitmotiv préféré de l’UDPS et surtout de ses combattants : ’’le peuple d’abord’ ’, le Chef de l’Etat s’est vite engagé dans l’accélération de la matérialisation du port en eaux profondes de Banana, pour ne pas entrer en contradiction avec la vision des populations, particulièrement celles du Kongo Central, qui voit, en ce port, une véritable Gécamines. Pour faire bien, quelques personnalités de cette belle province ont même saupoudré la revendication, en parlant de la souveraineté du pays.
Pour n’y voir que l’aspect économique dans cette affaire, et compte tenu de l’état de nos finances dont les difficultés ont été aggravées par la pandémie du covid-19 et les attaques des groupes armés locaux et étrangers qui sévissent dans la partie Est de notre pays, entrainant, au passage la mise en place de l’ Etat de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, ce serait complètement ubuesque de mettre en concurrence, pour notre pays, la construction du port de Banana avec celle d’un pont pour relier Kinshasa et Brazzaville.
Cet argent que l’on veut ainsi jeter dans le fleuve, pourrait utilement servir à améliorer l’état de nos routes dans le pays, et à renforcer le réseau de distribution d’eau et d’électricité, sans oublier le logement.
Ainsi, ceux qui soutiennent mordicus à voir ce pont dont le pays peut se passer, devraient apprendre à mieux penser la République démocratique du Congo et ses habitants, lesquels ont droit à une vie meilleure et dont les ressources viendront de leurs propres productions.
Dans une telle perspective, si le gain, pour le Congo Brazzaville est facile à évaluer avec un port sur l’Atlantique, qui traite maintenant 1.000.000 de containers par an, il n’en va pas de même pour Banana, dont le service sera presqu’entièrement axé sur l’ouest de notre pays.
Pascal Hamici