C’était en toute hâte que nos députés, séduits par les démonstrations du Ministre du commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa, ayant en charge la responsabilité des questions liées à la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), avaient fait voter la loi sur la ZLECAF, comme une lettre à la poste.
La loi, en soi, fut signée le 21 mars 2018. Mais de quoi s’agit-il exactement ? En premier lieu, l’objectif consiste à supprimer les entraves au commerce pour renforcer la compétitivité des entreprises, parmi ces entraves, se trouve la douane. En second lieu, pour favoriser la loyauté en évitant des pratiques comme le dumping et la subvention de certains produits par les gouvernements. En effet, la ZLECAF, représente un marché 1,2 milliards de consommateurs. Dans ces conditions, ne seront frappés de droits de douanes que les produits extérieurs à la ZLECAF.
Cette dernière, est loin d’être une innovation. Avant elle, il existe d’autres zones de libre-échange : l’AELE, qui regroupe la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Liechtenstein ; l’ALENA ou NAFTA, en anglais, ce sont : le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, cette zone existe depuis 1994 ; l’ASEAN ou ANASE, comprend : l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Brunéi.
En ce qui concerne la ZLECAF, elle compte 54 pays d’Afrique, mais il se pose un sérieux problème de déséquilibre commercial entre ces pays, puisque : le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Egypte, représentent à eux trois, environ 50% du P.I.B de toute l’Afrique. Cependant, par rapport à la qualité de certains produits, seront favorisés par la ZLECAF : des pays comme le Cameroun, l’Egypte, le Ghana, le Maroc et la Tunisie.
Ainsi, la question qu’il faut se poser, est celle-ci : la République Démocratique du Congo, est-t-elle prête à intégrer normalement une telle zone de libre-échange, compte tenu de l’état désastreux de ses infrastructures (routes, ponts, ports, électricité, eau, et aussi du niveau et du degré de la désorganisation de son administration ? Quels sont, également, les produits qui seront alignés en compétition avec ceux d’autres pays, quand on sait que même notre agriculture est déficitaire sur presque tous les plans ?
Un autre handicap, et non des moindres viendrait aussi du faible niveau de l’éducation de sa population. L’UNESCO parle, en ce qui concerne notre pays, de 90% d’analphabètes. Cette affaire ne concernant pas uniquement les intellectuels et autres universitaires.
Il faut même se demander le pourcentage des députés ayant compris tous les enjeux de la ZLECAF, et surtout ses préalables, pour que le pays y soit dignement intégré.
Pascal Hamici