1996, le génocide fait rage au Rwanda voisin, après la mort du Président Habyarimana, les hutus qui accusent les tutsis d’avoir abattu l’avion du Président, s’en prennent aux populations tutsies, c’est le génocide.
Alertés, les combattants tutsis qui vivent en exil en Ouganda, décident de se porter au secours des leurs. Les hutus décident alors de fuir en République démocratique du Congo, en première ligne, c’est la ville de Goma qui ouvre ses portes. Les fugitifs y arrivent à armes et bagages, sans oublier l’argent pillé dans les banques.
La ville de Goma, est débordée par cette arrivée massive, elle qui compte un peu plus de 250 000 habitants, reçoit du coup, plus d’un million de personnes. Le HCR organise alors un camp de réfugiés à Mugunga pour recevoir tout ce monde. Mais la discipline y est la dernière des choses qu’on y observe.
Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on, devant le manque de nourriture, des centaines de personnes quittent le camp, envahissent le Masisi, et se mettent à piller le bétail des paysans. Le cheptel du Masisi, est alors estimé à plus ou mois 500 000 têtes de bétail. Il fond comme neige au soleil. Kasuku Wa Ngeyo, le plus gros éleveur de la région avec ses 10 000 têtes de bétail, se retrouve sans aucune bête.
C’est pire pour d’autres éleveurs moins nantis. Dans le camp de Mugunga, les boucheries pullulent, la viande de bœuf est consommée jusqu’à l’écœurement. A Goma, on ne sait plus fermer les congélateurs, tant la viande déborde. Des familles refusent des dons gratuits de viande, et partout l’odeur obsédante de la viande de bœuf.
Après cette catastrophe, c’est le tour de l’explosion du volcan Nyiragongo en 2002, le quart de la ville est rasé par la lave, mais les installations stratégiques de la REGIDESO et de la SNEL, sont miraculeusement épargnés.
Mais un autre fléau s’abat sur la ville, les assassinats ciblés. Chacun rentre chez soi avant 18 heures, ce qui ne change rien à l’affaire. Chaque matin, on dénombre entre deux et cinq assassinats.
Périodiquement, la ville est prise sous le feu des rebelles, quand ceux-ci ne l’occupent pas tout simplement : CNDP, M23, tout y passe. A présent, au-delà de l’Etat de siège, c’est l’angoisse de la menace de l’explosion du gaz méthane qui menace la région dont la ville de Goma. In fine, l’habitant s’interroge, à quand la fin du traumatisme permanent des gens dans la ville dite touristique de Goma ?
Pascal Hamici