Il se constate une tendance haussière sur le marché en République démocratique du Congo, spécialement à Kinshasa. Plusieurs produits de première nécessité se voient leur prix grimper, au point d’inquiéter le commun de mortel. Un sujet qui a fait l’objet des griefs mis à charge contre le Ministre de l’économie Jean-Marie Kalumba, ayant occasionné sa déchéance suite au vote d’une motion de défiance à l’Assemblée nationale. Le professeur d’universités et spécialiste en économie Nicot Omeonga a expliqué à B-onetv.cd les raisons de cette flambée des prix, mais aussi les solutions à court et à long terme. Pour lui, le problème ne peut pas être résolu par un seul membre du Gouvernement mais par la conjonction des efforts de l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Dans les lignes qui suivent, vous trouverez l’intégralité de l’interview que cet expert a accordé à votre média.
B-onetv.cd/Émille Kayomba : Qu’est-ce qui peut expliquer aujourd’hui la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires à Kinshasa ?
Professeurs Nicot Omeonga : Deux mobiles : – Chocs endogènes : il y a la gestion peu orthodoxe des finances publiques, structures publiques budgétivores et train de vie très élevé des institutions politiques, la guerre à l’Est du pays, grève sèche et/ou larvée dans plusieurs secteurs de l’administration publique, effets pervers de la Covid-19 et résilience quasi-inexistante ;
– Chocs exogènes : la nature désarticulée et extravertie de l’économie congolaise sujette aux chocs exogènes, conséquences des sanctions économiques consécutives à la guerre Ukrainienne. Les deux principaux protagonistes ( Russie et Ukraine) sont des grands exportateurs des produits céréaliers, pétroliers et gaziers. La Russie est le premier exportateur du blé et l’Ukraine en est le quatrième, d’une part et l’Union Européenne est principal partenaire commercial de la RDC d’autre part. La hausse des prix pétroliers et des denrées alimentaires sur le plan mondial a des répercussions fâcheuses sur l’environnement socio-économique interne (pression inflationniste).
B-onetv.cd/Émille Kayomba : Quelles sont les mesures qui peuvent être prises pour arrêter cette flambée des prix ?
Professeur Nicot Omeonga : A court terme, réduction de train de vie des institutions politiques, l’orthodoxie financière doit cesser d’être déclamatoire et devenir factuelle, réduction de moitié de l’équipe gouvernementale, devoir d’exemplarité des dirigeants dans la lutte contre la corruption, la prédation à grande échelle et le coulage des recettes publiques, allouer des fonds de soutien aux entreprises et aux ménages;
– A moyen terme : réduction sensible de l’enveloppe des 1,5 milliards dollars américains consacrées aux importations des produits de première nécessité et de grande de consommation, allocation des moyens substantiels pour accroître la production locale des denrées alimentaires, construction des routes de desserte agricole, amélioration de desserte de l’énergie en milieu rural ( eau potable et électricité);
– A long terme : introversion de l’économie, intégration nationale de l’économie et participation à la création des richesses nationales de quatre secteurs économiques : primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire (économie numérique).
B-onetv.cd/Émille Kayomba : Est-ce qu’un ministre de l’économie, de la RDC soit-il, a les marges de manœuvre pour stopper cette hausse des prix ?
Professeur Nicot Omeonga : Non, les pressions inflationnistes ne peuvent pas être jugulées par un seul membre du gouvernement, Ministre de l’économie, soit-il. L’inflation étant une maladie cancérogène, sa thérapie requiert l’implication de tous les membres du gouvernement, car ses effets pervers sont collatéraux, multisectoriels et transversaux.
Propos recueillis par Emilie Kayomba