NI FEMME NI HOMME SOLDAT AVANT TOUT
L’équité est l’une des valeurs centrales au sein de la Défense Nationale Congolaise : chaque soldat a sa place, sans distinction de sexe et l’égalité de traitement est garantie. Bien que la presence des femmes militaires reste encore très faible, seul le mérite compte. Cette équité se constate donc dès les épreuves de sélection communes aux femmes et aux hommes. Elle implique aussi qu’à grade, ancienneté et taux d’activité égaux, les salaires et les conditions d’exercice du métier sont rigoureusement identiques entre hommes et femmes. L’armée garantit également un traitement équitable pour l’évolution, qui se fonde uniquement sur les qualifications acquises et le mérite. Chacun, s’il fait preuve de volonté et de détermination, peut progresser. Pour parler équité hommes-femmes au sein de la Défense Nationale Congolaise, b-onetv.cd a tendubson micro au Général de Brigade, Batabombi Apanza.
b-onetv.cd : En quoi consiste les relations Civilo-militaires ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : Les relations civilo-militaires sont perçues comme des rapports entre l’armée (instrument de violence légitime) et l’Etat (l’incarnation du pouvoir légal).Ils s’agissent en clair, des rapports entre l’armée et les citoyens. Elles renvoient au réseau des relations entre les militaires et la Nation. Elles sont l’expression de reflexe spontané résultant de contacts fortuits entre civils et militaires et, qui se traduisent soit par l’empathie ou l’antipathie. Leur promotion consiste à les entretenir par des obligations de part et d’autre, des actions, des attitudes positives et des comportements responsables.
b-onetv.cd : C’est quoi le concept securité ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : la securité est synonyme de la tranquilité, absence de troubles, absence de la guerre. Il existe la securité humaine (faisant allusion à la securité des individus ) et la securité publique ( faisant allusion à la securité de l’Etat).
b-onetv.cd : Quel lien établissez vous entre les questions de l’egalité hommes-femmes au sein du secteur de securité et les relations civilo-militaires?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : L’egalité du genre en relation avec le probleme de la société a gagné l’attention du public au cours de ces dernieres années. D’une part, il y a la question de la majorité la plus affectée de personnes par les conflits armés qui sont “les femmes” et d’autre part l’egalité entre des hommes et des femmes en travaillant pour un monde plus sur. La perspective des genres dans les problemes de securité porte aussi un motif de “bonne gouvernance du secteur securitaire”. Les aptitudes des femmes à se concentrer et à apporter des solutions aux problemes de securité humaine doivent etre utilisées pour le benefice de la societé. L’implication des femmes dans tous les processus de la planification des operations militaires est un atout majeur pour restaurer la paix. De plus le respect de la prise en compte du genre est une exigence constitutionnelle ( Constitution de la RDC 18 Fevrier 2006, article 14,15).
b-onetv.cd : Quand et Comment s’est déclenchée la féminisation au sein de l’armée de la RDC ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : C’est depuis la promulgation de la Constitution de la RDC le 18 fevrier 2006 et de la Loi sur la parité. Partculierement pour la Defense, c’est à partir
de la promulgation de la Loi N°13/005 du 15 janvier 2015.
b-onetv.cd : Quel est l’objectif principal et pour quels enjeux le ministere de la Defene nationale et anciens combattants réfléchit sur la place des femmes dans l’armée en ce moment precis où le pays se trouve agressé ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : Permettre un environnement propice à l’égalité des chances, à l’équité, à l’équilibre et à l’élimination des violences basées sur le genre au sein de la Défense nationale. Pour ça, il y’a trois enjeux majeurs :
a) la Satisfaction des différents besoins sécuritaires dans la société, la réforme de la Défense doit efficacement satisfaire les besoins de tous dans la société en contribuant à la réduction des violences et à la lutte contre les discriminations. Les besoins sécuritaires des personnes varient en fonction de plusieurs facteurs, comme le sexe, l’origine ethnique, l’âge, l’aptitude physique, l’orientation sexuelle, la situation économique, le statut de la citoyenneté et de la religion. La violence sexiste demeure une lourde menace à la sécurité humaine dans le monde entier et en RDC en particulier.
Les hommes sont aussi victimes de violence sexiste, par exemple sous la forme de massacres perpétrés en fonction du sexe, de viol et de violence de gang. La protection des femmes, des hommes, des filles et des garçons devrait constituer une priorité de toute réforme du secteur de la Défense, aussi bien pendant qu’après un conflit.
b) Satisfaction des besoins évolutifs du secteur de la Défense. L’art de la guerre a fortement évolué. Quel que soit le contexte, il n’est pas rare que les forces de Défense participent à des missions de maintien de la paix et de reconstruction, qui exigent des compétences et aptitudes complexes, notamment en matière de communication, de facilitation et de coopération avec les populations civiles. La diversité dans la composition des forces et l’intégration des sexospecificités à ces opérations permettent au secteur de la Défense de mieux s’acquitter de ses nouvelles tâches.
Les membres des forces armées peuvent se rendre coupables de violence sexuelle à l’encontre de civils, ainsi que d’autres membres des forces armées. Une approche promouvant les droits humains qui tient compte de la perspective du genre, par exemple par des formations aux sexospécificités et l’application de code de conduite, peut renforcer la prévention, le traitement et la responsabilité.
c) Emergence de Forces de Défense représentatives et respectées. Les femmes sont sous-représentées dans les institutions militaires, dans le ministère de la Défense et dans les organismes de contrôle de la Défense. Même sans barrières formelles, leur avancement professionnel est souvent plafonné. La pleine intégration des femmes dans les forces armées maximise la capacité des armées à honorer leur mission de protection des sociétés démocratiques, populations masculines comme féminines, et qui suppose aussi la Défense de valeurs fondamentales telles que la citoyenneté et l’égalité.
b-onetv.cd : L’armée compte combien des femmes. Pouvez-vous traduire en pourcentage la participation des femmes au sein de l’armée ? et quelle position occupe la RDC dans le monde parmi les armées feminisées ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : A ce jour, les FARDC enregistrent 5% des femmes. Le classement est difficile, cela merite une étude approfondie, neanmoins, je sais que l’armée Sud africaine est la plus feminisée au monde avec plus de 25%, la France 20%, les USA 14%, la Hongrie 9%, la Turquie 0,1%, etc. Les Missions des Nations-Unies au monde regorgent 4% des militaires, 11% des policières et 22 % des civiles femmes.
b-onetv.cd : Concrètement que peut-on faire au niveau du ministere de la Defense pour rendre effective et visible la participation des femmes militaires dans les opérations militaire pour la performance opérationnelle ?
Général de Brigade, Batabombi Apanza : Ces actions peuvent se realiser à trois niveaux et de la maniere suivante : Au niveau strategique : Promouvoir l’égalité des sexes, élargir la participation des femmes. Au Niveau opératif : Déployer le personnel militaire féminin selon les besoins, prévenir les violences sexuelles, protéger les individus, prendre en compte les priorités des femmes et des hommes, la protection particulière accordée aux femmes, le lien avec les organisations locales des femmes. Utiliser les femmes militaires pour augmenter les liens avec la population. Pour le PDDRC-S, prendre en compte les dépendants.
Au Niveau tactique : les patrouilles, l’utilisation des équipes mixtes dont des interprètes femmes, la prise en compte des besoins des femmes (marché, eau), l’adaptation de la fréquence des patrouilles en fonction des besoins, les contrôles et barrages routiers, les fouilles faites par les personnes de même sexe, le respect dû aux femmes, les zones de détentions séparées.
Toutes actions combinées et coordonnées à ces trois niveaux renforceront l’efficacité et la performance operationnelles gage de la promotion des relations Civilo-militaires.
b-onetv.cd : Votre mot de conclusion
Général de Brigade, Batabombi Apanza : Au regard de tous les avantages que procurent l’egalité hommes-femmes pour non seulement honorer le respect des Lois et des instruments internationaux mais aussi pour garantir un monde sûr pour la securité humaine et de l’Etat et de la population congolaise, j’exhorte de changer le regard erroné qu’elle porte sur les femmes militaires.
Par contre, pour promouvoir l’egalité hommes-femmes au sein de la Defense nationale, je recommande ce qui suit :
Le Rôle du militaire dans la promotion du genre à l’intérieur de l’institution doit se faire voir dans le comportement à adopter, la considération, le respect mutuel, la franche collaboration, la dénonciation des violences, la connaissance des différences dans les attentes, les besoins et les contributions, non comme un plaidoyer pour uniformiser mais pour démanteler les handicaps basés sur la discrimination. Dans les comportements à éviter tels que la discrimination, les harcèlements, les violences, le chantage.
- Il faut aussi souligner les rôles du militaire dans la promotion du genre à l’extérieur de l’institution qui se dégage dans le comportement à adopter, la responsabilité, le respect, l’aide et l’assistance aux personnes en difficultés (personnes âgées, enfants, femmes, hommes), la dénonciation des auteurs de violences, la protection, le civisme.
- Etre en tout temps un exemple pour la société notamment les comportements à éviter tels que les actes ou comportement pouvant porter préjudice à la crédibilité et l’honneur de l’institution, les harcèlements, l’échange d’argent, d’emploi, de biens, ou des services contre le sexe, l’activité sexuelle avec les enfants, la faveur sexuelle en échange de service, l’humiliation ou comportement dégradant ou coercif, l’éxploitation et la violence sexuelle. Toute activité sexuelle avec les enfants (personnes moins de 18 ans), toute faveur sexuelle en échange d’un service, tout type d’inconduite sexuelle qui porte préjudice à l’image, à la crédibilité, à l’impartialité ou à l’intégrité des forces armées déployées.
- Propos recueillis par la rédaction de
- b-onetv.cd