Vue d’en haut, Kinshasa est une mégalopole à admirer, notamment dans son centre de négoce. Mais en réalité, la capitale de la République Démocratique du Congo est une ville qui a vieilli, avec lui toute sa configuration qui ne répond plus aux standards modernes. Pas des routes viables, la promiscuité, des espaces publics de moins en moins visibles et une démographie de plus en plus exponentielle.
Circuler dans les artères de Kinshasa depuis un certain moment devient quasi compliqué surtout pendant les heures de pointe. Les embouteillages n’épargnent aucun boulevard ni aucune avenue principale de la capitale. Comme chaque matin, de l’Est à l’Ouest ou au Sud, tout le monde ou presque, converge vers le Nord à Gombe principalement, Barumbu, Kinshasa et Lingwala où se situent plusieurs activités commerciales et professionnelles. La voirie urbaine qui est presque saturée avec le trafic, n’est plus proportionnelle à la densité de la population qui avoisine une quinzaine de millions d’habitants.
Kinshasa c’est aussi des dizaines de tonnes d’immondices qui recouvrent le sol de la capitale. Elle est d’ailleurs mal cotée dans le classement des villes classiquement propres. Les autorités provinciales peinent à assurer la gestion de la salubrité publique, malgré la succession des programmes liés et l’appui de l’exécutif national. Celui-ci a apporté 2 millions de dollars chaque mois jusqu’à l’année dernière, pour l’assainissement de la ville. Pourtant les déchets ailleurs, constituent une source de revenus pour des industriels qui les exploitent notamment pour la production de l’énergie propre, les fertilisants naturels et le recyclage de matières plastiques et la ferraille.
La capitale – ancienne Léopoldville a été construite pour 500 milles habitants par le colon, mais n’a pas évolué en termes d’infrastructures proportionnellement à la démographie. Plusieurs espaces publics ont été lotis et des propriétés morcelées et des immeubles poussent sur de petits lopins de terres. L’évacuation des déchets pose problème et la canalisation des eaux de pluie est déficitaire. Conséquences, plusieurs quartiers de Kinshasa sont inondés à chaque précipitation. Avec son climat tempéré et un sol humide, la capitale se défigure après une moindre goutte et ses routes se transforment en lit des eaux pluvieuses.
Pour juguler la croissance démographique, la ville s’est étendue vers les communes périphériques, telles que Mont-Ngafula, Maluku et Nsele. Dans ces quartiers nouvellement lotis, les normes d’urbanisation sont aussi bafouées par une population en quête d’habitat. Même les espaces considérés comme bassin du majestueux fleuve qui serpente la capitale, sont occupés par des bâtisses de toutes les formes et de toutes les tailles. C’est le cas de quartiers Kinsuka, Pompage, CPA et consorts, qui sortent de drame aquatique d’une ampleur particulière. Plusieurs semaines durant, entre décembre et mars dernier, ces entités étaient inquiétées par la crue du fleuve Congo qui a fait d’ailleurs des victimes.
Les spécialistes des questions d’habitats et de populations sont unanimes que Kinshasa est une ville obsolète et non homogène. Au-delà de la proposition de sa délocalisation, ils soutiennent que la situation actuelle de la capitale nécessite des actions courageuses des autorités publiques. Il s’agit de l’expropriation des riverains pour construire des infrastructures publiques et créer des espaces verts, ou encore innover avec de nouveaux moyens de transports pour faciliter le trafic dans la capitale. Sinon, la ville se meurt à petit feu, avec des quartiers résidentiels et populaires qui se transforment en bidonvilles ; le sol de la capitale devient de plus en plus imperméable; la nombreuse population et sous-administrée qui s’accroit également avec l’exode rural, il est temps de requalifier l’habitat dans la capitale et redorer l’image de Kinshasa qui a fait rêver le monde à l’époque.
La rédaction de b-onetv.cd