L’Organisation non gouvernementale Journaliste sans frontière (JSF) vient de publier son classement mondial des pays où les conditions de travail des journalistes et des médias sont respectées. C’est en marge de la journée de la liberté de la presse que le monde commémore chaque année. Ainsi, la République démocratique du Congo a gagné une place. Si le classement de 2023 la placait en 124e position, celui de 2024 la place a la 123e place.
Cette légère progression n’élude pas les inquiétudes formulées par le RSF, qui met en lumière plusieurs tares mettant en mal le principe démocratique de la liberté de presse au Congo-Kinshasa. « Le pluralisme des médias est réel dans le pays, mais dans la province du Nord-Kivu, le secteur est fortement affecté par le conflit entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 », a indiqué l’organisation dans un article consacré à la RDC dans son site internet officiel.
Le RSF note en outre que le paysage médiatique congolais est fortement marqué par la présence remarquable des personnalités politiques. En effet, il est très fréquent que les autorités locales, les miliciens, les groupes religieux et les hommes politiques exercent des pressions sur les journalistes et les médias présents dans leur province, a indiqué le RSF. Ce dernier a dépeint un tableau peu reluisant de la situation de la presse congolaise dans son ensemble. Sur le plan légal, il est vrai que le pays a maintenant une nouvelle Loi qui modifie celui de 1996 devenue obsolète sur la liberté de la presse. Celle-ci, en effet, n’a pas réussi a dépénaliser les délits de presse. L’ONG congolaise journaliste en danger (JED) a dans un communiqué de ce vendredi 03 mai dénoncé le fait que cette loi de 2023 n’a pas encore été publié au journal officiel.
Par ailleurs le RSF s’est aussi inquiété de la situation économique des journalistes congolais, dont rares ont des contrats en bonne et due forme, contraints à obtenir des rémunérations pour la couverture et diffusion de certains événements et informations. Ces journalistes congolais subissent également des pressions suites à l’insécurité dans la partie Est de la RDC, marquée par une forte présence du M23, des troupes armés et des milices. Pour l’ONG congolaise JED, malgré l’engagement du Président de la République, Félix Tshisekedi, lors des États généraux de 2022 d’accompagner la dépénalisation des délits de presse et de garantir l’indépendance des médias,« le constat qui se dégage est que les journalistes et les médias congolais restent exposés aux diverses pressions et actes de censures, aux arrestations arbitraires et aux menaces directes et indirectes ».
Elle prend pour cas d’illustration, l’arrestation et condamnation du journaliste Stanis Bujakera dans l’affaire de meurtre de Chérubin Okende. Elle a tout de même rappelé également la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC), du 29 mars 2024, interdisant aux médias et aux journalistes de traiter et de diffuser toute information sur les forces rebelles sans s’en référer aux sources officielles.
Emille Kayomba