A la suite de la marche de l’opposition de ce samedi 20 mai 2023, plusieurs réactions ont été enregistrées, aussi bien des diverses autorités notamment, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), l’Hotel de ville de Kinshasa, la Police Nationale Congolaise ainsi que les organisateurs de ladite marche, les quatre leaders de l’opposition, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Matata Ponyo et Delly Sesanga.
Au-delà de la réaction du Ministre des droits humains condamnant les actes de violences, la Commission nationale des droits de l’homme a publié un communiqué de presse dans lequel elle « déplore et condamne fermement le fait que ces marches censées être pacifiques aient dérapé en violence, par la répression de la Police Nationale Congolaise qui a fait un usage disproportionné des gaz lacrymogènes et autres armes contondantes et opéré plusieurs interpellations des manifestants tant de l’opposition politique que de la population, » lit-on. Elle a également fustigé la décision des autorités de la ville de Kinshasa, qui a autorisé simultanément 3 marches malgré les risques d’affrontements évidents qui étaient du moins perceptibles. Tout en faisant constater que certains partis politiques n’ont pas respecté l’itinéraire et promettant d’une enquête complète de la situation, la CNDH a appelé les organisateurs à la retenue, la police nationale à l’arrestation de ses éléments auteurs des dérapages et la population au calme.
De son côté l’hotel de ville de Kinshasa a condamné l’attitude des organisateurs de la marche, qui n’ont pas daigner respecter l’itinéraire tel que décidé dans la réunion d’harmonisation du 18 mai. « La ville de Kinshasa a amèrement constaté dans le chef des partis de l’Opposition, essentiellement composés de L’Ecidé, LGD, Ensemble pour la République et Envol, une violation flagrante des orientations données à l’issue de la réunion d’harmonisation tenue entre l’Hôtel de Ville de Kinshasa et les Secrétaires Généraux mandatés en date du 18 Mai 2023 et ce, en vue de préserver l’ordre public, » peut-on lire dans un communiqué officiel signé par le Gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila, qui signale par ailleurs qu’une plainte contre les organisateurs sera déposée ce lundi, suite aux actes de vandalisme qui seraient posés par leurs militants.

La Police nationale, qui condamne également le nom respect de l’itinéraire, a dressé un bilan provisoire qui se présente comme suit : 6 machettes saisies entre les mains de certains manifestants; 27 policiers blessés dont 1 est dans un état comateux et 3 grièvement par les projectiles lancés par les manifestants; 3 policiers blessés dans un affrontement entre deux gangs; 20 individus arrêtés auteurs des actes de vandalisme contre le sous- commissariat de Kianza; 1 journaliste blessé ; 2 véhicules Land cruiser de la police caillassés ; 3 policiers auteurs de brutalités contre les manifestants et sur un mineur sont arrêtés. Ces derniers seront déféré devant la justice militaire afin qu’ils répondent de leur acte.
Pour les opposants, organisateurs de la marche, après qu’ils soient escortés par la police de Kianza à Ngaba jusqu’au Quartier GB dans la commune de Ngaliema, il s’agit là d’une « répression barbare non seulement des leaders de l’opposition mais, mais aussi de la population. Laquelle répression est arrivée à des blessures, dont certaines graves. Deux personnes sont entre la vie et la mort, » a dit Matata Ponyo, devant la presse. « Qui pouvait l’imaginer, venant d’un parti au pouvoir qui hier était dans l’opposition et protestait contre la barbarie ? » s’interroge le président du parti politique LGD, qui par la même occasion a annoncé un sit-in le 25 mai prochain, devant la CENI pour réclamer les bonnes élections.
Revenant sur la marche, Delly Sesanga a indiqué : « Ce qui s’est passé aujourd’hui est d’une gravité extrême. Voilà un pouvoir issu d’une famille politique qui a passé 37 ans à combattre la dictature. Voilà un pouvoir du régime de Monsieur Félix Tshisekedi avec lequel nous avons combattu dans la rue ces pratiques qu’aujourd’hui il réinterprète, » dit il.
Emille Kayomba