Tout était mis en oeuvre pour que la cérémonie de la sortie officielle de l’Union Sacrée de la Nation fasse parler d’elle. Des milliers de personnes y étaient attendues et le pari a été gagné pour cette plateforme qui soutient la candidature de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre prochain. La réponse du berger à la bergère sera certainement, la marche que va organiser l’opposition au régime Tshisekedi en ce mois de mai.

33 ans en arrière, ces manifestations étaient un rêve. A l’époque, le Mouvement Populaire de la Révolution parti unique de Mobutu était le seul parti politique où tout congolais à l’époque zaïrois était d’office membre. Avec le vent de la perestroïka, le Président Mobutu lança des consultations populaires au terme desquelles les conclusions seront sans équivoques. L’homme à la toque de léopard va, le 24 avril 1990 annoncer la fin du parti unique et l’ouverture de l’espace démocratique au Zaïre. Dans la foulée, les partis politiques se créee, l’accoutrement change, les abat cost laissant place aux costumes et cravate. Deux ans plus tard, la libéralisation de l’espace d’expression sera effective avec la conférence nationale souveraine. Sur le plan médiatique, l’Ozrt va perdre son monopole et partagera désormais les toits des zaïrois avec quelques médias privés. Tous les secteurs de la vie seront secoués par ce vent.

La République démocratique du Congo enregistre ainsi 700 partis politiques. La jeune démocratie congolaise avait cru bien faire en simplifiant les conditions de création des partis politiques. Le piège semble aujourd’hui se refermer sur elle. Aujourd’hui, les partis politiques se sont progressivement transformés en coquilles vides sans projet de société véritable et sans moyen de participer aux différents scrutins nationaux. Dans d’autres cas, le parti se confond avec le président-fondateur ou l’autorité morale : une sorte de personnalité indéboulonnable, omnisciente et omnipotente. Il en est président à vie. Certaines formations politiques se résument finalement aussi aux épouses des autorités morales, à sa famille ou à sa belle-fille.
La noble démarche de créer une formation politique pour participer au débat démocratique, contribuer à la formation civique et politique des citoyens a été dévoyée puis transformée en moyen de lever des fonds, les finances du parti se confondent avec la poche de l’autorité morale. Au-delà de ces avantages l’autorité morale peut négocier le ralliement du parti à la majorité au pouvoir. Qu’importe qu’il y ait un accord de gouvernement préalable ou une proximité idéologique. L’essentiel étant de rejoindre l’équipe au pouvoir et d’être « à la mangeoire ».

L’existence d’un nombre de partis sans commune mesure avec les réalités démocratiques n’a pu être possible que parce que les autorités de tutelle, le ministère de l’intérieur a renoncé à assumer sa responsabilité. Comment surveiller les activités de 700 partis politiques ? Cette mission de contrôle devient quasiment impossible. Les ministères de tutelle a renoncé par ailleurs volontairement à exercer ses prérogatives de contrôle pour éviter des démêlés avec des partis membres de la majorité au pouvoir. Et faute de parvenir à appliquer la charte des partis aux alliés, ils choisissent de ne l’imposer à personne. Pour l’instant, l’espoir d’autorégulation n’a pas permis de mettre de l’ordre dans la jungle des partis politiques. Sans revenir au parti unique, la RDC doit sérieusement revisiter la notion du multipartisme intégral afin que le nombre de partis soit équilibré.
Que dire de l’état de lieux réel de la liberté d’expression en RDC ? N’y a-t-il pas une inadéquation entre la volonté exprimée dans les divers textes et l’état réel dégradant de la liberté d’expression sur l’étendue territoriale du pays ? le constat sur le terrain révèle que la liberté d’expression en RDC est bafouée dans une large mesure. Des violations à ce droit constitutionnel sont récurrentes et multiples.

En République démocratique du Congo, l’année 2018 est perçue comme un moment historique, puisque les élections présidentielles ont consacré la première alternance démocratique au sommet de l’État, depuis l’accession du pays à l’indépendance. Malgré l’organisation de 3 cycles électoraux, le pays peine encore à donner une belle image de la démocratie.
Thot