Quelle croissance économique pour le développement de la RDC ? A cette question les professeurs d’universités en économie Nicot Omeonga donne les éléments de réponse au cours d’une interview accordée à la rédaction de B-onetv.cd. Si les perspectives économiques de la RDC étaient bonnes, avec une croissance estimées à 5,7% pour 2021, les estimations de 2022 sont à 6,1%. Déjà, selon les informations du ministère des finances livrées au conseils des Ministres du 04 mars 2022, les recettes totales mobilisées, le cumul annuel en fin février 2022, ont été de l’ordre de 1.878,8 milliards de CDF contre les prévisions de 1.825,9 milliards de CDF, soit 103% des assignations budgétaires.
Le professeur Nicot Omeonga a opté tout d’abord une approche pédagogique. «la croissance est la création des richesses par l’effort individuel et collectif de manière soutenue et pour une longue durée.» a-t-il dit, tout en avancant l’exemple de « les trente glorieuses« , au lendemain de la seconde guerre mondiale. l’Europe a bénéficié d’une ligne de crédit des USA par le biais d’un financement classique (banques), poursuit-il, c’est le plan Marshall, «nous avons observé 30 années de prospérité économique ininterrompue caractérisée par la création d’emplois durables et l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. La croissance doit avoir un impact socioéconomique.» a-t-il expliqué.
Selon ce même schéma théorique, le professeur rapporte que le développement résulte de 3 piliers : changement de mentalité (mutation sociétale), croissance économique (création et partage équitable des richesses) et le progrès social (amélioration de la qualité de vie des ménages). La croissance est une donnée quantitative, chiffrée. Le PIB en est l’indicateur macroéconomique le plus pertinent pour mesurer la croissance.
En ce qui concerne le cas de figure, donc la République démocratique du Congo, il faut rappeler que le pays a renoué avec la croissance économique au début des années 2000. C’est ce que note le professeur, qui avance que c’est «depuis 2002, la RDC a retrouvé le sentier de la croissance extravertie portée essentiellement sur les exportations des produits miniers à l’état brut sans impact positif sur l’environnement socio-économique interne. En 2014 et 2015 la croissance a frôlé deux chiffres.»
Pour Nicot Omeonga, cette croissance ne résulte pas de l’effort individuel et collectif des «Congolais dans les 4 secteurs : primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire, seul le secteur primaire contribue significativement à la croissance économique du pays. Sous le jargon économique, c’est phénomène est qualifié d’effets Duiserberg (l’extérieur est embelli tandis que l’intérieur est pourri).» dit-il.
Pour la RDC, renchérit-le doctrinaire des sciences économiques, il faut une croissance endogène, se traduisant par le capital humain, technologique, physique et public, avec des externalités positives pour booster une croissance inclusive et partagée. «Le financement classique, bancaire ( économie d’endettement) ayant montré ses limites, il est temps d’engranger la Financiarisation, la bourse des valeurs mobilières ( économie des marchés financiers) combinée l’intelligence économique afin de résister au darwinisme économique envahissant.» conclut ce chercheur.
Il faut rappeler que du 1 au 7 mars 2022, une mission du FMI a été à Kinshasa conduite par Madame Vera Martin pour discuter avec les autorités du pays autour de l’évolution de la situation économique nationale. Elle était revenue sur le rebond économique du pays en 2021, «avec une croissance du PIB estimée à 5,7 % », mais soutenue par une reprise des secteurs miniers et des services. Un paradigme minier que le professeur Nicot Omeonga appelle au changement.
Émille Kayomba