Un remue-ménage dans l’appareil structurel du cabinet du Chef, un réaménagement technique de l’exécutif annoncé. Derniers signaux donnés par Félix Tshisekedi se veut un peu plus exigeant, plus précis et plus objectif dans la manière d’exécuter ses orientations surtout de gérer les derniers mois de son quinquennat finissant. Les réaménagements progressifs opérés dans son entourage avec ses derniers réglages, démontrent que le Chef de l’État a décidé de confier sa Cour entre les mains expertes et de confiance.

Tenez! Depuis le début de son mandat, le Chef de l’État et son gouvernement étaient au centre des critiques pour la gestion de certaines questions – des dossiers d’ailleurs pour lesquels le pouvoir a passé le verbe à ses détracteurs. Qui peut oublier le feuilleton sur la gestion controversée du projet dit de 100 jours qui avait créé des inimitiés dans le cabinet du Président de la République et la désolidarité des membres du gouvernement sous Tshibala et Ilukamba ?
Rappelons-nous de la communication dissonante sur la mise en oeuvre de la gratuité de l’enseignement de base ou sur la pandémie de la COVID-19. On se souvient aussi des désaccords entre les membres de l’exécutif et ceux du cabinet du Président de la République accusés de vouloir se substituer au gouvernement. Ce comportement était attribué aux rivalités nées des guéguerres dans la coalition FCC – CACH, mais il s’est vite mué en trafic d’influence, voir aux abus au nom des intérêts parfois égoïstes. Mais qu’à cela ne tienne, au coeur de ce disfonctionnement, il avait évidemment des hommes zélés pour les uns, sinon des individus qui se revendiquaient d’être » des hommes du Chef » ou appartenir au Chef pour les autres.
Le pouvoir de Félix Tshisekedi était-il traversé par les velléités de la méthode d’essai erreur ? Faut-il imputé les ratés de son administration au mauvais casting ? Est-ce que les nouveaux choix d’hommes opérés peuvent aider le fils du sphinx à rempiler? Des préoccupations qui ont une forte résonnance dans l’opinion, auxquelles nous allons tenter de répondre. La restructuration de la Cour de Félix Tshisekedi est partie de l’élévation de Guylain Nyembwe au poste de Directeur de Cabinet, au remplacement de l’intérimaire Eberande Kolongele appelé au Gouvernement, en pleine saga judiciaire dans l’affaire 100 jours qui a éclaboussé le principal chef de cabinet Vital Kamerhe.

Au même moment, Nicolas Kazadi, l’autre témoin à charge de Kamereh dans ce procès, quitte le cabinet pour le poste de Ministre des finances. L’élu de Bukavu était aussi devenu trop lourd à porter pour l’alliée UDPS, qui le trouvait par ailleurs très influent auprès du Chef, accusé de chercher à faire l’ombre à la première institution du pays. Selon certains observateurs, il fallait éloigner les caciques tendancieux les uns des autres, qui rivalisaient des égaux, au bénéfice d’éviter au Chef une guerre de palais. Il fallait aussi dégraisser pour réduire le budget de fonctionnement de la Présidence, également après le débâcle des projets tel que Tshilejelu au Kasaï – projet dans lequel des collaborateurs du Président sont indexés.
François Beya, conseiller en matière de sécurité, a été écarté pour présomption de haute trahison, écroué puis expédié en Europe pour des raisons de santé. C’est ainsi que des conseillers ont été nommés dans les entreprises, le cas de Marcelin Bilomba et Ablavie Eboma qui gèrent depuis quelques mois la Société Nationale des Hydrocarbures du Congo. Malgré celà, l’administration présidentielle était toujours jugée pléthorique, voir inefficace pour certains, car les soupçons des scandales de trafic d’influence, de corruption et de détournement planaient fréquemment sur le sillage de BETON.

Pour, en même temps, renforcer les compétences et soigner l’image de la présidence, il fallait une purge, au mieux des nouvelles têtes, sans néanmoins retirer la confiance aux »serviteurs loyaux’‘. Aujourd’hui, quelques dizaines des personnalités seulement tiennent les reines du cabinet, à la fois, au directoire, au conseil présidentiel, à la coordination des services spécialisés et des chargés des missions.
Cet ouragan a emporté beaucoup d’hommes forts du pouvoir notamment Fortunat Biselele, l’ex Conseiller privé incarcéré à MAKALA depuis peu, accusé d’être de mèche avec Rwanda qui déstabilise l’Est du pays. Jean Claude Kabongo le conseiller en charge des investissements, a lui aussi été mis à l’écart, comme plusieurs anciens membres du cabinet qui ont vu leurs postes supprimés. Mais Félix Tshisekedi a élargi son cercle avec l’entrée des plusieurs autres personnalités, parmi lesquelles Jacquemin Shabani, considéré comme le fidèle des fidèles. Cet ancien secrétaire général de l’UDPS et président de la Centrale Électorale du parti, va diriger le collège politique aux côtés des autres derniers espoirs sur qui comptent le Président de la République.

Techniquement, c’est le moment où Félix Tshisekedi pressent que la RDC – pays continent a besoin de l’expertise que des hommes bouches trous. Et tactiquement, il sait que son avenir au Palais de la Nation est évidemment lié à la capacité de son gouvernement à répondre aux multiples crises qui agonisent des millions des congolais. D’où les prochains réaménagements au gouvernement seront autant déterminant pour envisager l’après 2023.
Constantine Ntambwe