Les jours s’égrainent, les nuages se dissipent peu à peu, 2023 se profile à l’horizon. Dans cette frénésie, les état-majors politiques peaufinent des stratégies avant la bataille électorale. Entre temps, la Commission Électorale Nationale Indépendante – CENI veut gagner du temps. Elle a dévoilé son calendrier des opérations électorales, plaçant le scrutin présidentiel au 20 décembre 2023. Mais comme toujours, une avalanche de critiques des acteurs politiques mefiants, opposés à ses méthodes s’abat sur la centrale électorale. Déjà, l’installation du bureau Kadima porte les germes du conflit qui a divisé les parties prenantes et les observateurs qui se sont rendus coup sur coup pendant les longues tractations.

Tout est parti de la volonté d’une frange de la classe politique et sociale qui prône les réformes d’une Centrale Électorale représentative à 100% avec des animateurs issus de la société civile. Une hypothèse que la majorité parlementaire FCC – CACH de l’époque ne pouvait soutenir, à cause des discordances internes. Depuis toujours, le poste du président du bureau de la CENI revient à la société civile – composante confession religieuse. Ronsard Malonda fût désigné sur proposition de l’Eglise du Réveil du Congo conduite en ce moment là par le Pasteur Général Sony Kafuta, et ce, contre la volonté des catholiques et des protestants représentés respectivement par la CENCO et l’ECC, mais le FCC majoritaire à la chambre basse du parlement signa son premier passage en force en juillet 2020.

Accusé d’être acquis à la cause du camp de l’ancien Président de la République Joseph Kabila, la désignation de cet ancien secrétaire technique de la CENI sous Corneille Naanga entrainant révolte dans la rue, car l’allié CACH, soutenu par la toute puissante Eglise catholique et son Cardinal Ambongo étaient farouchement contre. Ce qui fut d’ailleurs un des ingrédients à l’origine de la dislocation de la coalition le 6 décembre 2020.
La balle était ouverte pour d’autres consultations au terme desquelles Denis Kadima a été désigné une année après, sur proposition de l’Eglise Kimbaguiste. Le tour des religieux de divorcer, d’une part le bloc CENCO – ECC, et de l’autre les musulmans, indépendants, Kimbaguistes, Salutistes, Orthodoxes et les Eglises de réveil, tous ont voté pour Denis Kadima. Cet acte de 6 confessions religieuses représentait d’ailleurs le critère de la majorité, à défaut du consensus qui avait échoué.

Si sa compétence à gérer la Centrale Electorale n’a pas été contestée, mais la crédibilité de Dénis Kadima et ses souches Kasainnes ont fait parler ses détracteurs qui se sont recrutés même parmi les hommes d’Eglise. Ayant manqué à empêcher l’investiture du bureau Kadima, catholiques et protestants se sont associés aux organisations de la société civile et l’opposition politique pour se constituer en Bloc Patriotique dont les bruits de revendications sont restés sans lendemain.
Entre temps, Denis Kadima poursuit son bonhomme de chemin, avec une feuille de route assortie du calendrier électoral publié. Ce dernier annonce le début des opérations de l’identification et l’enregistrement des électeurs dès le mois de décembre jusqu’à la tenue effective de la présidentielle couplée aux législatives nationales, provinciales et municipales le 20 décembre 2023.

Malgré cette volonté affichée de la CENI, l’opposition a rejeté le calendrier, le qualifiant de non réaliste. Elle évoque non seulement un flou dans ce scénario concocté par le bureau Kadima pour tromper la vigilance, mais surtout les contraintes liées notamment au temps devenu court et l’insécurité qui continue à endeuiller l’Est de la RDC.
La CENI est loin d’offrir des garanties autour de la paix dans l’Est qui sevit dans un contexte d’une guerre depuis plusieurs décennies – une situation qui s’envenime avec la certitude de l’implication du Rwanda voisin. Qu’à cela ne tienne, la centrale électorale se veut rassurante, sur l’amélioration de la situation dans les zones en conflits notamment.

Question : Denis Kadima a-t-il mis tout le monde d’accord sur ses compétences et son impartialité à tenir des élections apaisées en décembre 2023? Ce qui est sûr, il y a eu accalmie autour de sa désignation parce qu’il tient les reines de la Centrale Électorale. Mais les doutes demeurent sur la crédibilité du processus des élections qu’il a amorcé.
Constantin Ntambwe