Depuis son accession à l’indépendance, la RDC connait plusieurs crises de légitimité, d’instabilité politique et même des guerres d’agression pendant plusieurs décennies. Une situation qui a poussé les congolais de tout bord à se mettre autour d’une table pour discuter autour de ces crises à répétitions et proposer des solutions. La matérialisation de cette volonté est l’organisation en 2002 du dialogue de Sun city en Afrique du Sud qui donnera lieu à plusieurs résolutions dont celles sur la réforme de l’appareil sécuritaire et de défense.

L’adoption des lois, règlements des politiques, des programmes qui ont été consolidés par la constitution dans son article 184 qui revient clairement sur le rôle de l’armée entre autre la défense de l’intégrité du territoire national et des frontières, la participation au développement économique social et culturel en temps de paix ainsi que la protection des personnes et de leurs biens. Mais la grande question qui se pose est ce que tout cet arsenal juridique a suffit pour faire de l’armée congolaise une armée républicaine, restructurée, intégrée, crédible et moderne ?

Face à l’agression rwandaise sous le label du M23 qui sème désolation et terreur depuis plus de deux décennies, la question sur la réforme de l’armée se pose. Elle apparaît comme le seul moyen pour permettre à la RDC de se doter d’un système de défense efficace et d’une une armée forte et dissuasive à la taille du défi de l’invasion afin de sauvegarder et de défendre l’intégrité du territoire. La réforme de l’armée apparaît comme un véritable serpent de mer qui se rabache toujours et dont la réalisation demeure perpétuellement inachevée malgré la bonne volonté de certains dirigeants.

Cette mise en œuvre a connu trois moments forts de l’histoire de 2001 à 2006 période de transition politique, 2006-2018 ( période de la troisième république ) , 2019 à ce jour période de l’alternance. Ces trois périodes ont chacune était minées des conflits armées surtout dans la partie Est de la RDC. Dans la troisième République debutée sous Joseph Kabila, où l’armée a été affectée par le fait du brassage propice à l’infiltration des éléments étrangèrs dans l’armée congolaise, d’autres éléments aussi ont contribué à la faiblesse de ce corps de métier notamment un budget peu conséquent, une irrégularité dans la prise en charge sanitaire et prime des militaires au front, la problématique de la maîtrise des effectifs de l’armée sur le terrain des opérations et surtout un manque de doctrine nationale de défense actualisée. Cependant en dépit de ces maux on a noté une montée en force de l’armée congolaise, classée huitième puissance militaire de l’Afrique et victorieuse des rebelles du M23 en 2013, des faits qui ont écrits les plus belles pages de son histoire.

Après l’alternance pacifique de 2018 avec l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi, les difficultés sont restées les même et les mems défis se presentent. Malgré cela à tout prix, il faut défendre l’intergrite du territoire national. Si à l’époque de l’Afdl et de Joseph kabila le pays avait fait recours aux forces étrangères pour faire face à l’invasion étrangère. c’est aussi le cas pour Felix Tshisekedi qui s’est appuyé sur la force régionale de l’EAC pour en découdre avec le M23. Cependant cette force ne fait pas l’unanimité bien que sa mise en place était déjà conditionnée par la non participation de l’armée rwandaise, des officiers des forces de défense rwandaise étaient dans le rang de l’état major de cette force régionale basée à Goma. Après la brouille, le gouvernement congolais s’est décidé alors de les expulser ce qui suscite une avalanche des réactions tant au niveau national qu’international.

Dans ce feuilleton de trahison, on évoque même des défections des officiers de l’armée loyaliste qui ont rejoint le camp de l’ennemi alors que sur le terrain les M23 occupent des territoires stratégiques et se seraient rapprocher de la ville de Goma. Face à cette menace la nécessité de la réforme s’impose. Dans ce contexte, l’Etat congolais a dévoilé sa politique de défense dans un document stratégique qui permettra sans doute la montée en puissance des forces armées.

Le document prévoit la création d’une industrie de défense inexistante depuis l’indépendance du pays. Des militaires aussitôt retraités devraient constituer une armée des réservistes. Cela devrait permettre aux forces armées congolaises qui comptent théoriquement 150 000 hommes de tripler ses effectifs. Le plan prévoit que l’armée soit également dotée d’un système et cadres contre la cybercriminalité et la criminalité transfrontalière. Avec une innovation, l’instauration de la diplomatie de défense. Le projet est ambitieux, mais les autorités comptent sur la loi de programmation militaire adoptée pour le financer… Une avancée qui prévoit environ un milliard de dollars pour le secteur de la défense.

Elle répondra entre autre à la nécessité et à l’importance des outils légaux de planification de dépenses en matière militaire pour prévoir des investissements importants dans l’armée.
Pour cette première phase 1millards 330 dollars serviront à investir d’abord dans les ressources humaines, la formation, l’achat des équipements, la production militaire. Un investissement qui pourrait garantir un esprit de défense et des valeurs guerrières d’un pays qui avait jadis la réputation d’une armée forte qui faisait trembler dans la région.
Feza Micka