L’explosion de la dette publique hante toujours la République démocratique du Congo depuis cinq bonnes années. Les conséquences d’une dégringolade économique sont permanentes. Les politiques sont trop hésitants et rarement d’accord sur la politique à suivre. Selon les chiffres révélés par la radio onusienne, cette dette réduite de 14 à 3 milliards de dollars en 2010, n’avaient pas augmenté jusqu’en 2021. Les raisons de ce rebond sont liées notamment aux emprunts contractés avec la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la Banque Africaine de Développement, ou encore les bons du trésor émis entre temps par la Banque centrale du Congo. Alors question, pourquoi le Gouvernement congolais a-t-il triplé ses engagements auprès des tiers ? Quelles sont les possibilités de remboursement que dispose le pays ? Décidément, comment s’organisent le service de la dette en RDC ?
Le chef de l’Etat Felix Tshidekedi et David Malpass, président de la banque Mondiale
Après son investiture en janvier 2019 à la tête du pays, Félix Tshisekedi s’est rendu personnellement aux sièges de la Banque Mondiale et du FMI aux Etats-Unis, pour renégocier le retour de la coopération entre ces institutions financières internationales et la RDC. Avec des caisses publiques déficitaires, le Gouvernement de la République a bénéficié des crédits de plus d’un milliard la même année pour financer les projets liés à la gratuité de l’enseignement primaire, la balance de paiement des fonctionnaires et la construction des infrastructures. Depuis lors, le budget national de chaque exercice, jusqu’à présent bénéficie de ressources extérieures qui avoisinent plus ou moins 6 milliards de dollars inscrits comme créances à charge du contribuable congolais.
Des spécialistes s’accordent que s’endetter n’est pas une mauvaise chose pour un pays. Mais le plus important serait l’affectation des crédits de l’emprunt aux investissements et non à la consommation. Et en matière de dette publique, la RDC est réputée parmi les pays les moins solvables. La crise économique mêlée à celle de la dette a conduit l’ex Zaïre a supprimé les dépenses de l’éducation, de la santé, de l’habitat et autres à l’entame des années 1990. Mais le pays a bénéficié de programmes de redressement structurel de la Banque Mondiale et le FMI, jusqu’à l’atteinte du point d’achèvement – appelé initiative PTTE en 2010. Car le Congo Kinshasa était fiché pays pauvre et très endetté avec 14 milliards réclamés par les créanciers des clubs de Paris et de Londres notamment.
Le Ministre d’Etat, Ministre du budget Aimé Boji et A. Zeufack, Directeur des Opérations de la banque Mondiale
L’effacement de cette dette avait aidé le Gouvernement à économiser au moins 50 millions de dollars mensuels prévus pour éponger les arriérés de plusieurs décennies. Depuis lors, cette enveloppe devrait couvrir des dépenses sociales creusées par la faiblesse d’une économie fortement dépendante et exclusivement basée sur les matières extractives. Malheureusement le congolais moyen continue à vivre avec moins de deux dollars par jour et l’espérance de vie tourne autour de 60 ans.
Ce qui est vrai, la dette publique extérieure a ruiné plusieurs économies des pays du sud. En RDC, le niveau excessif d’endettement a entrainé une crise financière et l’instabilité économique, couplée à une forte pression fiscale du fait que le remboursement est insoutenable. D’ailleurs dix milliard de dollars de dette comme maintenant représentent la quasi-totalité des recettes publiques annuelles et une bonne part du PIB. En interne, la RDC est endettée à hauteur d’au moins 40 pourcent des obligations totales envers les créanciers. Les prestataires nationaux, les fournisseurs aussi les soumissionnaires aux bons du trésor, ont beaucoup des paiements à encaisser auprès de l’Etat. Etant un des moyens de compenser les dépenses souveraines, la dette intérieure devient également abondante et relativement payée au détriment de l’économie entrepreneuriale locale.
K. Georgieva, Directrice Générale du Fond Monétaire iInternational ( FMI) après une audience auprès de la Gouverneure de la banque centrale Malangu Kabedi
Pour payer ses créances, les économistes conseillent de ne pas troquer les ressources naturelles contre les crédits de la dette. Mais de favoriser les investissements et promouvoir le développement des secteurs porteurs de croissance. C’est en ceci que l’Etat peut tirer des dividendes pour rendre la dette soutenable. L’histoire de la RDC démontre que le pays, l’un des plus pauvres au monde, doit supporter depuis le jour de son indépendance une dette qualifiée d’illégitime, illégale et odieuse, devenue au fil du temps insoutenable. Pourtant, les interventions internationales, notamment du FMI par le truchement de l’initiative PPTE, n’ont fait que maintenir le pays dans un système de dépendance à la dette et aux interventionnismes étrangers.
Aujourd’hui, il est important que la RDC se libère du joug d’une dette qu’elle ne doit pas et ne saurait supporter pour des raisons morales et politiques. Les associations congolaises, réunies au Forum social congolais, et leurs partenaires ont eu l’idée de demander à l’Office de gestion de la dette publique – OGDP une suspension du remboursement de certaines dettes et de réaliser un audit des dettes nationales préalable à une répudiation des dettes illégitimes, et plus de transparence vis-à-vis des dettes contractées avec la Chine dans les contrats « infrastructures contre minerais ».
Constantin Ntambwe