Comment parlez de la liberté de la presse, dans le contexte d’une presse pauvre et dépendante, d’une part des crédits budgétaires de l’État déficitaires pour les médias publics, et de l’autre, des caprices et marchandages de la publicité auprès des annonceurs. Comment rendre le secteur de media de la République Démocratique du Congo indépendant des modèles économiques qui le tirent vers le bas? C’est notre dossier du jour.

Une presse libre, est un mélange de plusieurs atouts que le secteur médiatique congolais peine à réunir. Au-delà d’une législation adaptée à la politique publique réaliste et visionnaire, la presse congolaise manque un peu de tout en termes notamment de moyens d’accompagnement. On y a cru avec la promulgation de la loi 11/004 du 25 juin 2011 portant redevance sur les appareils récepteurs d’émissions audiovisuelles. Ces ressources devraient normalement autonomiser le service public de l’audiovisuel de sa dépendance aux crédits du budget annexe de l’Etat.
La redevance audiovisuelle est collectée à l’achat de plaques d’immatriculation de véhicule à la Direction Générale des Impôts et à l’importation des appareils audiovisuels au dédouanement. Depuis quelques temps, les provinces l’ont aussi incorporé dans leurs taxes, et éventuellement des contacts sont pris pour que la redevance émane des factures d’eau et de l’électricité. Cette parafiscalité indirecte est d’abord destinée à la Radiotélévision Nationale Congolaise, afin de l’aider à faire face à la concurrence née de la libéralisation du secteur médiatique au terme de la loi de 1996.

C’est aussi prouvé que la redevance audiovisuelle est encore moins connue du public congolais et son recouvrement limité aux seuls acquéreurs de plaques d’immatriculation des véhicules à la DGI, les importateurs des appareils récepteurs d’émissions audiovisuelles ainsi que quelques entreprises identifiées qui utilisent en permanence les appareils récepteurs, comme les agences de pari sportif. Mais la phase la plus difficile est celle de faire payer cette redevance aux particuliers et les ménages ayant un appareil récepteur d’émissions audiovisuelles conformément à la loi.
La régie publicitaire est un autre mécanisme légal institué pour organiser le marché publicitaire congolais en faveur des entreprises de presse. Les institutions publique, notamment le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication tarde à faire appliquer la règle qui oblige aux annonceurs de soumettre leurs produits à son avis favorable. Ceci sous-entend que la durée ou la dimension, la programmation, les agences productrices, la preuve de la commande et la tarification doivent être surveillés à ce niveau de responsabilité, pour limiter le bradage de la publicité par les médias. Objectivement, la publicité est la principale source de revenus pour la presse, mais encore moins valorisée dans la sphère médiatique congolaise.

On ne parlera de la presse libre comme ailleurs à condition qu’elle soit indépendante et sans l’influence extérieure, mais aussi autonome que si elle a ses propres ressources. Tant que les crédits budgétaires de l’Etat ne laisseront place à la redevance, l’audiovisuel public continuera à subir le dictat de la main qui donne. Et tant que la publicité ne pas réglementée, les entreprises de presse continueront à demeurer pauvres et inefficaces.
La rédaction de B-onetv.cd