9 janvier 2024, la commission électorale nationale indépendante livre les secrets des élections législatives nationales organisées en décembre 2023. Dans les urnes, l’opposition ne sort qu’avec 6 pourcent de sièges, soit 27 sur les 477 qui étaient en compétition. Comme lors de la présidentielle, l’opposition rejette en bloc les résultats de ce qu’elle qualifie de simulacre d’élections. Pour marquer sa désapprobation, elle va annoncer les manifestations le 20 janvier, jour d’investiture du Président de la république. Résultat, un flop, si ce n’est qu’un mouvement enregistré à béni dans le Nord Kivu. Face à cette évidence, peut-on parler d’une opposition faible ou inexistante? C’est depuis 2007 que l’opposition en RDC est réglementée par une loi portant statut de l’opposition politique.
Depuis 1960, la RDC a traversé plusieurs crises politiques qui ont mis à mal la cohésion nationale et les libertés publiques. Après les élections générales de 1960 ayant conduit Joseph kasavubu à la tête du pays et le bloc conduit par Patrice Emery Lumumba au contrôle de l’exécutif national, ceux qui étaient contre, faute d’une législation appropriée, avaient opté pour des secessions avec la bénédiction des anciens colonisateurs. Le cas de celle conduite par Moïse Tshombe dans le Katanga et celle de Mulopwe Albert Kalonji dans le centre du pays.
Pendant la deuxième république, toute tentative de s’opposer au régime en place était matée avec la dernière énergie. L’aventure des 13 parlementaires avec un certain Étienne Tshisekedi, kibassa Maliba avait subi le même sort. C’est autant pour dire qu’il était difficile de parler du véritable statut d’opposition sous les régimes politiques antérieurs. L’initiative des 13 parlementaires va résister jusqu’à l’avènement de la démocratisation en 1990. Etienne Tshisekedi et ses compagnons vont s’illustrer par des manifestations, marches et villes mortes pour faire entendre leur voix.
La rue va ainsi devenir le terrain privilégié de l’opposition en manque d’espace dans les institutions. A l’avènement de la troisième république, la rue restera le terrain de l’opposition malgré l’adoption de la loi portant statut de l’opposition. Le régime de Joseph Kabila sera victime de cette démonstration de l’opposition avec à sa tête un certain Étienne Tshisekedi. Malheureusement, les casses et autres vont marquer ces instants. Depuis la disparition du sphinx de Limette et de l’avènement au pouvoir du parti de Limete, l’opposition semble avoir perdu son assise. Martin Fayulu n’a pas pu mobiliser la rue en 2019 pour réclamer la vérité des urnes.
Cas similaire pour réclamer des élections crédibles et transparentes avant la tenue des élections du 20 décembre dernier. Avec la configuration actuelle de l’assemblée nationale, l’opposition part déjà faible.
Plusieurs observateurs estiment que l’opposition doit changer des stratégies. Pour un équilibre politique, le pouvoir a aussi un rôle à jouer. Lors de son investiture, le président de la République, fort de cette conviction, a promis de s’y mettre pour la désignation du porte-parole de l’opposition.
La mise en application de cette loi va contribuer inéluctablement a l’avènement d’une démocratie faite de tolérance, d’acceptation de l’autre et de débat, sur fonds d’un pacte républicain garantissant l’effectivité de l’alternance démocratique au pouvoir en donnant à l’opposition une visibilité sociale et institutionnelle confirme à son poids politique dans le pays.
La rédaction de b-onetv.cd