Après l’appel à la mobilisation générale du Président de la République, plusieurs formations politiques de l’Union sacrée se sont mobilisées à travers des marches pour soutenir les forces armées de la République démocratique du Congo et son commandant suprême. Des marches organisées par des partis politiques, mais également par des gouverneurs de provinces. Dans ces démonstrations de soutien seuls les drapeaux des partis politiques flottent le long des trajets sans grand engouement de la population qui visiblement ne trouve plus son compte.

Le mal est profond, les partis politiques ne mobilisent plus que leurs militants et qui sait à quel prix. Du côté de l’opposition, l’adhésion à la cause n’est pas au rendez-vous, la plupart assiste comme spectateurs. Et il faut se rabattre alors, faute de capacités de rassembler, à la mobilisation générale lancée par l’Eglise catholique. L’opposant Martin Fayulu va plus loin en mobilisant pour l’église catholique. Ce tableau nous rappelle l’année 2017 avec les manifestations organisées par l’Eglise catholique où l’opposition s’était greffer pour faire entendre son écho. Une chose est certain, les voix des politiques ne portent plus, ou mieux, ne sont plus suivi, en RDC, la rue ne gronde plus, comment comprendre cela?

Le label « marche » recouvre un spectre étendu de situations qui diffèrent selon l’importance numérique du corps marchant, la portée de l’action, ses objectifs, ses formes et son degré d’organisation et de préparation. En RDC, les marches renvoient souvent à l’expression politique, associative et artistique de mécontentement. Sa résonance médiatique ratifie la pertinence du mode d’action et confirme son efficacité en termes de visibilité publique. Ce manque d’appropriation illustre à n’en point douter, la banalisation des actions de nos politiques.
En RDC, la marche s’est imposée comme un canal d’expression pertinent dans de multiples configurations historiques, politiques et sociales. Les groupes à faibles ressources y recourent davantage. Les marches contre le pouvoir de Mobutu qu’organisaient l’udps avec son chef de file Étienne Tshisekedi et les Forces vives de l’époque occupe toujours une place singulière dans le répertoire d’action protestataire en République démocratique du Congo. Littéralement, elle recouvrait une occupation de l’espace public à des fins politiques. Sa triple filiation religieuse, militaire et civique rendait son repérage malaisé, où elle se confondait avec la volonté du peuple.

Ces marchés doivent leur efficacité à la médiatisation, au charisme du leader et à sa capacité à infléchir des rapports de force. Marquées du sceau de la victoire du peuple, elles incarnait une exigence morale et spirituelle au service d’une cause et un langage situé aux confins de l’éthique et du politique, dans des situations de domination sociale, politique et économique. Elles acquièrent un retentissement national et international. On dit d’ailleurs de la démocratie qu’elle est fille de la rue, l’intérêt d’une marche réside dans sa dimension iconique et son efficacité politique.
L’insécurité dans l’Est a sorti les gens dans la rue. Même si la mobilisation n’était pas au rendez-vous, il reste que la manifestation était une opportunité aux uns et aux autres pour rappeler que l’heure est grave face aux multiples maux qui minent la partie orientale ces dernières décennies. Les personnes qui ont répondu à l’appel lancé se sont montrées assez préoccupée par l’occupation ennemie et la violence sous toutes ses formes dans l’Est, pour dire halte à l’insécurité et interpeller qui de droit pour des mesures appropriées. Les manifestants ont tenu à dénoncer le silence complice de la communauté internationale, son implication et sa manipulation. « Que faut-il encore pour que les gens sortent encore dans la rue?

Si aux marches de protestation depuis quelques années, il y a plus de spectateurs que de marcheurs, le peu d’engouement se justifie par : « La mefiance est si omniprésente qu’on n’ose plus se montrer face aux bourreaux, les politiques et dénoncer le laxisme des pouvoirs publics». Les acteurs du mouvement qui initient ces manifestations, ne s’attendent pas à ce peu d’engouement, la population «N’est il pas concernée ?».
Il y’a beaucoup de colère et d’indignation et surtout de regret de voir l’indifférence de nos politiques par rapport à tous les fléaux qui touchent de plein fouet la société congolaise.
Ce refus, à l’origine, n’est que grogne populaire ; une partie du peuple exprime son ras-le-bol face aux dirigeants. Le moyen pour les populations de révéler un certain mal-être, suite aux comportements de nos politiques qui s’enrichissent au détriment de la population.

Il n’est pas judicieux d’organiser une marche ou un rassemblement si l’on ne peut pas compter sur un public nombreux, car cela risque alors d’indiquer que la cause n’a pas d’importance aux yeux du public. On cherchera, pour maximiser le nombre de participant. Le recours à la marche ne saurait se limiter à ces « coups d’éclat ».
La rédaction de b-onetv.cd