Faut-il changer ou modifier la constitution du 18 février 2006 ? La question refait surface et la classe politique s’embrase dans tous les sens. Ce débat qui a heurté certaines consciences durant les années Kabila, se relance au lendemain de l’élection de Félix Tshisekedi pour son second quinquennat.
Changer ou modifier la constitution, quelle option va le mieux dans le contexte congolais ? Comment créer l’unanimité autour de cette question qui défraie la chronique ? Quelle est l’opportunité pour la République Démocratique du Congo de revoir sa loi mère ? Des questions et encore d’autres qui vont plonger la classe sociale et politique congolaise dans d’autres querelles d’une ampleur particulière.
Dans le cas d’une constitution qui vit au calme depuis maintenant 18 ans, la première question qui vient en tête pour tout acteur de la scène politique congolaise, est à qui l’initiative d’une réforme constitutionnelle profiterait-elle ? L’idée est partie du temps que prend la mise en place du gouvernement après les élections générales; ou encore des faits de corruption dénoncés lors des élections organisées au second degré, notamment les sénatoriales et celles des gouverneurs et leurs adjoints. La nationalité, les pouvoirs institutionnels ou encore le renforcement de l’autorité de l’Etat ou encore d’autres questions, c’est peut-être ces quelques dispositions qui appellent à une éventuelle révision constitutionnelle que soutien une certaine opinion.
Le Gouvernement ne veut pas en faire un drame public, évoquant évidemment les raisons d’ordre fonctionnel et organisationnel de l’Etat. La révision constitutionnelle est une matière très sensible dans toutes les démocraties jeunes et fragiles. Le parti ECIDE de Martin Fayulu est catégoriquement opposé à toute idée de toucher à la constitution. Car de son côté, la posture radicale aux initiatives portées par la mouvance au pouvoir est une façon de veiller aux grains, au nom d’une supposée légitimité déficitaire qui caractériserait le régime de Félix Tshisekedi. Mais chez les plus modérés comme Adolph Muzito, la modification de la constitution, du moins partiellement pour les articles non verrouillés, ne serait pas une mauvaise chose. Mais il ne s’agit pas de créer une nouvelle constitution, mais plutôt dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance.
Les arguments autour du changement de la constitution ont commencé à pousser depuis plusieurs années. Des véritables théories du complot soutenues par des classiques qui sont aussi des génies du jeu politique. Ces amateurs de la politique machiavélique à la sauce moderne, se justifient avançant que la constitution du 18 février 2006 est une œuvre des belligérants de l’après 2e guerre congolaise. Les quelques 370 dispositions qui le composent n’étaient qu’un ensemble de moyens échafauder avec l’aide des gendarmes du monde pour aider les seigneurs de guerre à se surveiller.
L’unanimité autour des sujets hautement politiques, demeure une mère à boire pour les acteurs congolais de tous bords. Si Félix Tshiseledi dans son statut de garant de la nation évoque la nécessité de faire appel aux congolais dans leur ensemble et de toutes tendances confondues pour réfléchir sur la faisabilité, d’autres par contre ne voient dans son initiative que les ambitions sournoises d’un pouvoir en quête de prolongation. Ce qui n’est pas aussi faux, s’il faut considérer les contextes des régimes de plusieurs pays du sud et certains voisins immédiats de la RDC. Le Rwanda pour ne pas le citer, l’Angola, le Soudan du sud, l’Ouganda, la République Centrafricaine, ou le Congo Brazzaville ne sont pas à l’abri des pouvoirs dictatoriaux à cause principalement de torpillage de la constitution.
Beaucoup craignent que ceci soit la mission du parlement de la 4e législature taillé à plus de 90 pourcent proche de Félix Tshisekedi dans l’objectif d’ouvrir la voie à une 4e République, qui remettre tous les compteurs à zéro et baliser le chemin de pouvoir sans limite. Jamais la réforme constitutionnelle n’est décriée quand l’objectif est d’améliorer la gouvernance publique. Des observateurs avisés soutiennent cependant que l’opportunité d’offrir à sa population le mieux-être ne passe pas forcement par la modification ou le changement de la loi suprême d’un pays.
La rédaction de b-onetv.cd