Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, est une nouvelle fois convoqué ce lundi 9 juin par le Parquet général près la Cour de cassation, dans le cadre de l’enquête sur le présumé détournement de plus de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani (Tshopo). Il s’agira de sa troisième audition, après celle du vendredi 6 juin, qui s’est prolongée bien plus longtemps que la précédente, tenue le 30 mai.
Comme lors de ses premières comparutions, le leader de la plateforme DYPRO — revendiquant une posture d’opposition républicaine — est ressorti libre, sans qu’aucune mesure restrictive ne soit prise à son encontre. L’audition du 6 juin, conduite par le magistrat Sylvain Kaluila en présence des avocats du ministre, s’est achevée sans placement en détention provisoire.
Entouré de militants et sympathisants venus manifester leur soutien, Constant Mutamba a été ovationné à sa sortie. Il est même monté sur le toit de sa jeep pour saluer la foule, provoquant une brève perturbation de la circulation sur le boulevard du 30 Juin.
Le Parquet reproche au ministre, entre autres griefs, d’avoir enfreint les règles de passation des marchés publics. L’entreprise bénéficiaire, Zion Construction, aurait été sélectionnée par procédure de gré à gré, bien qu’elle n’ait été constituée qu’en 2024 avec un capital de seulement 5 000 dollars. Surtout, le décaissement des 19 millions USD aurait été effectué sans l’autorisation préalable de la Première ministre, en violation des procédures légales.
L’affaire suscite une vive réaction dans l’opinion publique, tandis que le ministre Mutamba dénonce ce qu’il qualifie de « machination politique », comme il l’a affirmé lors d’un rassemblement le 26 mai devant le Palais de justice.
Emille Kayomba