Un tournant judiciaire majeur pourrait s’ouvrir au sein du gouvernement congolais. Le procureur général près la Cour de cassation a officiellement sollicité, ce lundi 9 juin, une autorisation pour engager des poursuites judiciaires contre le ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, dans une affaire portant sur des soupçons de détournement de fonds publics.
Cette demande fait suite à l’obtention préalable d’une autorisation d’instruction, laquelle a permis au parquet d’auditionner le ministre à au moins deux reprises. Les premières auditions, menées dans la plus grande discrétion, auraient permis de réunir des éléments jugés suffisants pour justifier une éventuelle mise en accusation.
Une affaire qui pourrait ébranler le gouvernement
Si l’autorisation de poursuite est accordée, Constant Mutamba deviendra le premier ministre en fonction du gouvernement Suminwa à être traduit en justice pour des faits présumés de corruption ou de détournement. Le dossier est suivi de près, tant à Kinshasa que dans les milieux diplomatiques, en raison de la sensibilité du portefeuille que détient le ministre concerné.
Membre du gouvernement depuis mars 2023, Constant Mutamba est également président de la Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo ( NOGEC), un parti membre de la coalition majoritaire. Il s’est illustré ces derniers mois par ses prises de position controversées et son activisme au sein du gouvernement.
Un test pour l’indépendance de la justice
L’affaire intervient dans un contexte où les autorités congolaises multiplient les promesses de lutter contre la corruption et de moraliser la gestion publique. Plusieurs voix au sein de la société civile appellent la justice à agir sans favoritisme, rappelant l’importance de la séparation des pouvoirs et du respect de la procédure. « Le principe d’égalité devant la loi doit s’appliquer à tous, y compris aux ministres », a déclaré un juriste proche du dossier.
La décision finale d’engager des poursuites dépend désormais du Bureau de l’Assemblée nationale, seule instance habilitée à lever l’immunité parlementaire d’un membre du gouvernement en vertu de la Constitution congolaise.
Et après ?
Dans l’attente de cette autorisation, le ministre d’Etat Mutamba n’a pas encore réagi publiquement aux soupçons portés contre lui. Ses proches parlent d’une manipulation politique, tandis que d’autres appellent à laisser la justice faire son travail sereinement.
Cette affaire pourrait avoir des répercussions notables sur l’image du gouvernement, à un moment où le président Félix Tshisekedi affiche sa volonté de renforcer l’intégrité des institutions publiques. Affaire à suivre.
La rédaction de b-onetv.cd