La médiation qatarie dans le conflit opposant la République démocratique du Congo (RDC) et l’Alliance des Forces du Changement/M23 traverse une zone de turbulences. Alors qu’un premier projet d’accord a été transmis aux deux parties à Doha, le texte ne satisfait pas Kinshasa. Le président Félix Tshisekedi l’a clairement fait savoir au ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, en visite dans la capitale congolaise.
Ce projet d’accord, censé donner corps à la déclaration de principes signée le 19 juillet dernier, devait marquer une avancée substantielle dans le processus de Doha. Pourtant, il semble avoir produit l’effet inverse : loin de créer un consensus, il a été jugé « non satisfaisant » par le chef de l’État congolais. Derrière cette réserve se cache sans doute la perception que le texte ne répond pas aux préoccupations fondamentales de Kinshasa, notamment en matière de sécurité, de souveraineté territoriale et de désarmement du M23.
À travers la déclaration de Maxime Prévot, la Belgique se positionne comme un observateur attentif et un « vigile » du respect du droit international. Loin d’être un acteur direct des pourparlers, Bruxelles entend néanmoins peser par sa voix diplomatique pour éviter que les discussions n’aboutissent à un compromis fragile ou imposé. Cette prise de position traduit aussi une volonté de la Belgique de maintenir un lien étroit avec Kinshasa, dans un contexte où la RDC diversifie ses partenariats internationaux.
La difficulté actuelle révèle une tension entre deux logiques : celle du Qatar, qui cherche à arracher un accord rapidement afin de crédibiliser sa médiation, et celle de Kinshasa, qui veut s’assurer qu’aucun texte ne consacre de concessions jugées inacceptables sur le plan sécuritaire et politique. La méfiance congolaise traduit également la crainte de voir la rébellion bénéficier d’une reconnaissance politique qui consoliderait ses acquis militaires.
Si une « nouvelle phase de discussions » est attendue, comme l’a indiqué Maxime Prévot, la réussite du processus de Doha dépendra de la capacité des médiateurs à intégrer les lignes rouges de Kinshasa sans pour autant braquer l’AFC/M23. La RDC veut une paix durable, mais pas à n’importe quel prix : Tshisekedi semble privilégier un accord solide plutôt qu’un compromis précipité.
En toile de fond, c’est la crédibilité même de la médiation qatarie qui est en jeu. Soit Doha parvient à rééquilibrer son projet et à créer les conditions d’un texte acceptable, soit le processus risque de s’essouffler, au risque de relancer les hostilités sur le terrain.
Junior Kulele
