Les tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali se sont de nouveau exacerbées ce mardi, alors que la 60ᵉ session ordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies examinait à Genève le rapport de la Mission d’établissement des faits du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Selon ce rapport, le M23, appuyé « opérationnellement » par les Forces de défense du Rwanda (RDF), bénéficierait de leur expertise en formation, approvisionnement et renseignement, ce qui lui aurait permis de prendre le contrôle des principales villes des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Kigali a rejeté ces conclusions, dénonçant un rapport « biaisé ».
Kinshasa, de son côté, estime que ce déni alimente la rébellion et entrave le processus de paix en cours à Doha, sous médiation qatarie. « Le débat ne peut plus porter sur la présence du Rwanda dans l’Est de notre pays. Tous les rapports l’attestent. Les discussions à Doha sont difficiles parce que le Rwanda n’est pas disposé à aller vers la paix. Tout démontre sa volonté, via sa brigade appelée M23, de créer un État parallèle », a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais.
Depuis le début de l’année, Kinshasa multiplie les initiatives diplomatiques pour mettre fin à la crise. Deux mécanismes complémentaires ont été lancés : L’Accord de Washington, signé grâce à la médiation des États-Unis, Le processus de Doha, conduit par le Qatar, visant à approfondir les discussions sur les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État et la réintégration des groupes armés.
Malgré la signature d’une déclaration de principes entre Kinshasa et l’AFC/M23, la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste critique. Plusieurs mesures de confiance, telles que la libération réciproque des prisonniers, tardent à être mises en œuvre, accentuant le climat de méfiance.
Pour Kinshasa, la position du Rwanda est un obstacle majeur. La stratégie attribuée à Kigali viserait à affaiblir l’État congolais en consolidant une présence militaire indirecte via le M23. Cette accusation s’ajoute à une série de rapports des Nations Unies confirmant l’implication directe de Kigali dans le conflit, des conclusions que le gouvernement rwandais continue de nier.
La persistance des combats, malgré les engagements diplomatiques, remet en question l’efficacité du processus de Doha et de l’ensemble des initiatives internationales pour stabiliser la région des Grands Lacs.