Kinshasa conditionne tout engagement économique au retrait préalable des troupes rwandaises. La République démocratique du Congo a créé la surprise en refusant, à la dernière minute, de parapher l’Accord sur le cadre économique régional (REIF), un texte élaboré sous médiation américaine et censé renforcer l’intégration économique entre Kinshasa et Kigali.
Selon des sources proches du dossier, le président Félix Tshisekedi a ordonné à sa délégation de ne pas signer l’accord, exigeant au préalable le retrait immédiat de 90 % des soldats rwandais présents sur le sol congolais. « Aucun nouvel accord ne sera signé tant que cette condition n’est pas respectée », a-t-il déclaré.
Du côté rwandais, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a dénoncé sur X un changement de position in extremis, estimant que Kinshasa craint un rejet de l’opinion publique. Pour Kigali, l’argument de la présence de troupes rwandaises n’aurait jamais figuré parmi les conditions négociées. Le Rwanda continue de nier officiellement toute implication militaire directe sur le sol congolais.
Cette volte-face intervient alors que le processus de paix entre la RDC et le Rwanda, lancé à Washington le 27 juin 2025 sous l’égide des États-Unis, semblait progresser. En juin, les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères avaient signé un accord de principe à la Maison Blanche en présence de Donald Trump. En septembre, une réunion à Washington avait permis de définir un ordre opérationnel sécuritaire, prévoyant la neutralisation des FDLR et une levée progressive des mesures défensives rwandaises.
Le 24 septembre, le mécanisme conjoint de sécurité (JSCM) avait annoncé le début de la mise en œuvre du plan le 1ᵉʳ octobre. Mais sur le terrain, les combats se poursuivent. Le 22 septembre, le mouvement AFC/M23 a pris le contrôle de la localité minière de Nzibira (Sud-Kivu), confirmant la fragilité du processus diplomatique.
Les discussions restent bloquées sur plusieurs points : la qualification du mouvement AFC/M23, la nature des liens entre Kigali et cette rébellion, le nombre exact de combattants FDLR encore actifs. Kinshasa réclame une action conjointe immédiate, tandis que Kigali renvoie la responsabilité à la RDC. Parallèlement, Washington pousse pour un cadre d’intégration économique, incluant le partage des revenus miniers, des infrastructures régionales et un projet hydroélectrique de 760 millions de dollars. Mais Kinshasa conditionne tout accord économique à des avancées sécuritaires concrètes.
Et après ? Des opérations conjointes contre les FDLR et un retrait progressif de troupes rwandaises sont annoncés entre le 21 et le 31 octobre, mais aucune garantie n’est donnée. Une cérémonie de signature solennelle entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à la Maison Blanche, envisagée pour décembre, reste suspendue à ces conditions.
En attendant, les combats persistent au Nord et au Sud-Kivu, mettant à rude épreuve la crédibilité d’un processus de paix déjà fragilisé par la méfiance réciproque.
La rédaction de b-onetv.cd