La Ville-province de Kinshasa durcit le ton face aux constructions anarchiques. Dans un communiqué officiel publié le 5 novembre 2025, le ministre provincial des Infrastructures, Travaux publics, Affaires foncières, Urbanisme et Habitat, Alain Tshilungu, a annoncé la suspension immédiate de tous les travaux illégalement entrepris sur les berges du fleuve Congo, en particulier dans la commune de la Gombe. Cette décision, prise sur instruction expresse du gouverneur de la ville, vise à protéger les emprises publiques et les zones écologiquement sensibles menacées par des travaux non autorisés.
Dans son communiqué, le ministre Tshilungu rappelle que les berges du fleuve Congo font partie des espaces publics protégés, conformément aux dispositions légales en vigueur, notamment : l’Arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 sur les servitudes ; l’Édit provincial n°0001 du 25 octobre 2023 portant protection des emprises des routes et espaces publics. Ainsi, toute occupation, clôture, remblayage ou construction sur ces espaces est strictement interdite sans autorisation officielle. « Tout chantier, travaux de remblayage, de terrassement, de clôture ou de construction initiés en bordure du fleuve Congo est immédiatement suspendu », stipule le communiqué signé par Alain Tshilungu.
Pour veiller à la bonne application de cette mesure, les services techniques de l’Urbanisme et du Cadastre ont été instruits de mener des inspections systématiques le long du fleuve. Ils seront accompagnés des éléments de la Police nationale congolaise, chargés de procéder à la fermeture immédiate des chantiers irréguliers et, au besoin, à leur mise sous scellés. Les promoteurs immobiliers, entreprises, propriétaires fonciers et particuliers concernés sont invités à se conformer sans délai, sous peine de sanctions administratives et judiciaires prévues par la loi.
Cette décision intervient dans un contexte de forte pression foncière sur les berges du fleuve Congo, où prolifèrent depuis plusieurs années des projets immobiliers non autorisés. Ces travaux mettent en danger l’écosystème fluvial, aggravent l’érosion des rives et compromettent la sécurité des populations riveraines. Les urbanistes et environnementalistes saluent une mesure nécessaire pour endiguer l’occupation désordonnée des zones sensibles, mais appellent à un suivi rigoureux et à une planification durable de l’aménagement du littoral kinois.
Selon des sources proches de l’Hôtel de Ville, cette décision s’inscrit dans le cadre d’un plan global de réhabilitation des abords du fleuve Congo, incluant la création de zones vertes, de promenades publiques et d’espaces touristiques. Le gouvernement provincial entend ainsi rétablir l’ordre urbanistique dans la capitale et préserver le patrimoine naturel du fleuve, considéré comme un atout stratégique pour le développement économique et écologique de Kinshasa.
Emille Kayomba


