À la tribune de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Emmanuel Macron a livré un discours dense, balayant les grands foyers de tensions mondiales : du Moyen-Orient en proie à de nouvelles flambées de violence, à l’Europe marquée par la guerre en Ukraine, sans oublier l’Afrique centrale, où la région des Grands Lacs reste à vif.
C’est précisément sur ce dernier point que le président français a adopté un ton ferme, insistant sur la nécessité de préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC). « Dans la région des Grands Lacs, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo doivent être respectées. Il faut rendre l’espoir à la population du Kivu et aux centaines de milliers de personnes qui ont été déplacées », a déclaré Emmanuel Macron sous les applaudissements d’une partie de l’assemblée.
Conscient de l’ampleur du drame humanitaire dans l’Est de la RDC, le président français a annoncé la tenue, le mois prochain à Paris, d’une rencontre internationale rassemblant les acteurs clés de la médiation et de l’aide d’urgence. Objectif : coordonner les efforts pour répondre à la crise humanitaire et accélérer les initiatives de paix.
« Nous réunirons tous ceux qui peuvent répondre à l’urgence humanitaire et faire converger les initiatives de paix. Je me félicite de ce qui a déjà été conduit par l’Union africaine, par les voisins de la région, par le Qatar, par les États-Unis. Mais l’urgence humanitaire est indispensable. Nous ne devons oublier aucun de ces conflits. Nous n’avons pas le droit à l’oubli », a insisté Macron.
Pendant que Paris promet d’agir, Kinshasa poursuit son propre combat diplomatique. Le président Félix Tshisekedi, également présent à New York, a profité de cette session pour lancer une vaste campagne en faveur de la reconnaissance du génocide congolais. À la tribune de l’ONU comme lors d’une conférence organisée la veille, il a appelé la communauté internationale à mettre un nom sur les souffrances vécues par les Congolais depuis près de trois décennies.
Mais loin des salons diplomatiques, la réalité demeure tragique. Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, les rebelles du M23/AFC, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa et l’ONU, occupent toujours d’importantes portions du territoire congolais. Les combats se sont intensifiés ces dernières semaines, alimentant de nouvelles vagues de déplacés et accentuant la pression sur les populations civiles déjà éprouvées.
Emmanuel Macron, en liant son discours à l’agenda humanitaire, tente de donner un souffle nouveau à la diplomatie française dans la région. Reste à savoir si ces promesses de solidarité internationale pourront se traduire, sur le terrain, par un changement concret pour les millions de Congolais pris au piège de la guerre.
Emille Kayomba