Un vent de ferveur, d’émotion et de fierté nationale a soufflé sur la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, où s’est tenue ce dimanche après-midi la messe solennelle de béatification de Floribert Bwana Chui Bin Kositi, jeune martyr congolais assassiné en 2007 pour avoir refusé un acte de corruption.

Sous les voûtes sacrées de l’édifice romain, les chants puissants de la chorale Bondeko de l’aumônerie congolaise ont accompagné l’élévation de cet ancien agent de l’Office congolais de contrôle (OCC), désormais bienheureux, devant une foule émue, composée de fidèles congolais venus de Kinshasa, Goma, Lubumbashi, et de la diaspora du monde entier.
Un témoignage d’intégrité et de courage
Floribert Bwana Chui, alors âgé de 26 ans, avait refusé de laisser entrer en RDC une cargaison de produits alimentaires avariés en provenance du Rwanda. En représailles à son refus de céder à la corruption, il fut enlevé et brutalement assassiné dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007. Dix-huit ans plus tard, l’Église reconnaît dans cet acte de foi et de droiture le sacrifice d’un vrai témoin de la justice et de la vérité, un martyr « de l’honnêteté et de l’intégrité morale », comme l’avait proclamé le pape François en novembre 2024.
Une célébration émouvante, un symbole pour toute une nation
La cérémonie a été présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints, qui a salué la figure exemplaire du jeune Floribert :

« Il rêvait de paix, de fraternité, de vérité. Sa vie était habitée par la prière, proche des pauvres et orientée vers un engagement concret pour la justice. Il voulait réunir les jeunes de Goma comme une seule famille. » Dans son homélie, le cardinal a confié que cette béatification, célébrée à Rome plutôt qu’à Goma, répond aussi à un souhait exprimé par le défunt lui-même, qui rêvait de faire un pèlerinage dans la Ville éternelle. « Aujourd’hui, c’est d’une certaine manière l’accomplissement spirituel de ce désir. »
Le cardinal Fridolin Ambongo, représentant l’épiscopat congolais, a déclaré : « La béatification de Floribert, au plus fort de la crise sécuritaire que traverse la RDC, est un signe clair de la présence de Dieu qui ne nous abandonne pas. C’est aussi un appel fort à plus de transparence dans la gestion de la chose publique. »
Un modèle pour la jeunesse africaine
Dans un message adressé aux fidèles, le pape Léon XIV a prié pour que le témoignage de Floribert Bwana Chui inspire la jeunesse du Congo et de toute l’Afrique :

« Que son témoignage donne courage à tous ceux qui refusent le compromis avec la corruption, et qu’il ravive l’espérance dans les cœurs. » Le portrait du nouveau bienheureux a été dévoilé dans la basilique, acclamé par des salves d’applaudissements et des chants traditionnels congolais, dont le célèbre Nkembo.
Une délégation congolaise unie dans l’hommage
La cérémonie a vu la participation de plusieurs personnalités congolaises, dont des membres du gouvernement, des parlementaires, ainsi que le ministre de la Communication Patrick Muyaya, qui a exprimé son émotion : « Floribert nous enseigne que dans un pays souvent meurtri par la corruption, l’intégrité reste possible, et peut être honorée, même après la mort. »

Parmi les figures présentes figurait également le député Eliezer Ntambwe, ainsi que des membres de la Communauté de Sant’Egidio, engagée pour la paix et la justice en Afrique, dont Floribert fut un jeune leader dévoué.
Un appel à l’espérance
Floribert Bwana Chui devient le premier bienheureux congolais martyrisé pour son refus de la corruption. À travers sa canonisation prochaine, l’Église propose à l’Afrique un modèle de droiture morale, un appel vivant à la résistance face à la tentation du gain facile, de la compromission et de l’impunité.

Sa photo trône désormais au cœur de l’une des plus grandes basiliques de Rome. Et dans les cœurs des Congolais, son nom résonne déjà comme celui d’un héros de l’intégrité, d’un artisan de paix et d’un témoin vivant d’un Congo meilleur.
Junior Kulele


