La gestion des horaires de circulation des véhicules poids lourds dans la capitale congolaise donne lieu à un véritable bras de fer institutionnel entre l’Hôtel de ville de Kinshasa et le gouvernement central. En l’espace de quelques jours, deux décisions contradictoires ont été rendues publiques, semant la confusion dans les milieux du transport et de la logistique.
D’un côté, le gouvernement provincial, à l’issue d’une réunion tenue le mardi 10 juin, avait formellement interdit la circulation des camions de 20 tonnes ou plus entre 5h00 et 22h00, dans le but de désengorger une ville de plus en plus asphyxiée par les embouteillages. Une décision qui a immédiatement suscité la colère des transporteurs, entraînant une grève sèche aux conséquences économiques notables.
De l’autre, le Vice-Premier ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, est venu balayer cette mesure par un communiqué publié ce mercredi. Il autorise désormais la circulation des poids lourds entre 10h00 et 15h00, et entre 22h00 et 05h00, mais uniquement pour les besoins de réparation, d’entretien et de livraison de marchandises. De plus, le stationnement de ces véhicules sur la voie publique est strictement interdit.
Dans un nouveau communiqué rendu public ce jeudi 13 juin, Daniel Mukoko Samba a clarifié la position du gouvernement central : « Tous les camions, une fois entrés dans la ville de Kinshasa, sont libres, dans le respect du Code de la route, de circuler, livrer et sortir sans restriction horaire. » La seule restriction maintenue est celle du stationnement sur la chaussée, et les livraisons de nuit restent expressément autorisées entre 22h00 et 05h00. Une évaluation des effets de ces mesures est prévue tous les dix jours par le Comité CARITAS, en concertation avec les parties prenantes.
Cette discordance entre les deux niveaux de pouvoir reflète une divergence de priorités : Le ministre provincial Bob Amisi entend réduire les embouteillages chroniques qui paralysent la capitale. Tandis que Daniel Mukoko Samba privilégie la fluidité économique et logistique, dans un contexte où la lutte contre la vie chère est devenue une priorité nationale.
La cacophonie entre Kinshasa et le pouvoir central met en difficulté les opérateurs économiques, confrontés à un flou juridique préjudiciable à leurs activités. Ce désaccord souligne aussi la nécessité urgente d’une coordination institutionnelle, afin que les décisions publiques répondent efficacement aux défis de mobilité sans aggraver la précarité sociale et économique.
Emille Kayomba


