Après sa publication, une question se pose. Le rapport du CREFDL est-il une enquête citoyenne ou une manipulation ? le contrôle citoyen ne devrait pas être une arme politique. Voilà que le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) se retrouve au cœur d’une vive controverse depuis la publication de son rapport sur l’exécution du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T). Présenté comme une démarche de contrôle citoyen, le document est aujourd’hui accusé d’imprécisions, de partialité, et de manquements méthodologiques majeurs par de nombreux acteurs institutionnels et une enquête indépendante.
Publié après une méthode unilatérale et opaque, ce document présente plusieurs zones d’ombres. Première zone d’ombre : l’absence totale de concertation entre le CREFDL et les structures mandatées pour exécuter le PDL-145T, notamment la Cellule d’exécution des Financements en faveur des États Fragiles (CFEF) qui depuis plus de 15 ans a démontré son expertise à travers ses réalisations aux côtés de la Banque mondiale et de la Banque africaine de Développement. Cette dernière affirme n’avoir jamais reçu de demande de collaboration, ni de partage de termes de référence, de méthodologie, ou même de rapport provisoire – pourtant essentiels dans tout processus d’évaluation sérieux.
Autre anomalie : le CREFDL ne dispose d’aucun siège social répertorié, et ne mentionne dans ses publications qu’un simple numéro de téléphone et une adresse mail. Une pratique qui contrevient à l’article 7 de la Loi n°004/2001 sur les ASBL, et qui soulève des doutes sur la traçabilité de l’organisation elle-même.
Le rapport accuse notamment le programme de multiples dérives : marchés publics entachés d’irrégularités, surfacturation, infrastructures bâclées, absence de participation communautaire, enrichissement illicite. Mais ces accusations sont largement fausses.
Concernant les procédures de passation de marché, toutes ont été effectuées conformément à la Loi n°10/010 sur les marchés publics, avec publication des contrats sur le site de l’ARMP et avis de non-objection dûment obtenus. Quant aux prix des infrastructures, les coûts sont inférieurs aux standards sectoriels et intègrent équipements solaires et mobiliers, selon les documents d’exécution.
Pour le contrôle des fonds, les audits indépendants menés par la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances (IGF) et plusieurs cabinets privés confirment la régularité des décaissements.
Pour la participation locale, des preuves documentées montrent que les communautés ont été impliquées à chaque étape, à travers des réunions de consultation, des visites de chantiers et l’implication active des autorités locales.
L’on se demande réellement si ce rapport est à charge ou une manœuvre politique ? Ce qui frappe dans le rapport du CREFDL, c’est le ton unilatéral, accusateur, parfois même sensationnaliste, dénué de toute prise en compte du principe du contradictoire. Plusieurs analystes y voient moins une volonté de redevabilité qu’une entreprise de déstabilisation d’un programme-phare de la présidence Tshisekedi. Le PDL-145T, avec un taux d’exécution physique dépassant les 86 % dans des provinces telles que le Kwilu, le Kwango ou le Kongo Central, est devenu une cible de choix après son net succès.
Cette affaire soulève une question fondamentale : qui contrôle les contrôleurs ? Si le contrôle citoyen est un pilier légitime de la gouvernance démocratique, il ne peut se transformer en outil de désinformation ou servir des intérêts politiques masqués. La rigueur, la neutralité, le respect de la méthodologie et du contradictoire doivent rester les boussoles de toute organisation se réclamant de la société civile.
Ce premier épisode de cette enquête met en lumière les failles criantes du rapport du CREFDL. Loin de servir le débat public, il pourrait bien contribuer à affaiblir la confiance dans les mécanismes de redevabilité, pourtant essentiels à la construction d’une gouvernance responsable en RDC. Ce que le développement local mérite, ce n’est pas des procès d’intention, mais des critiques constructives, étayées, et honnêtes.
Junior Kulele