Sous un ciel lourd et dans une ambiance portée par plus de 300 supporters congolais venus spécialement de Kinshasa, les Léopards de la RDC ont remporté, ce vendredi à Lomé, une victoire étriquée mais précieuse face au Togo (1-0), lors de la 9ᵉ journée des éliminatoires du Mondial 2026. Un succès signé Cédric Bakambu, auteur de l’unique but dès la 7ᵉ minute, dans un match globalement pauvre en spectacle. Comme à l’aller, les Congolais se sont imposés sur la plus petite des marges — sans vraiment convaincre.
Cette courte victoire permet à la RDC de rester dans la course, à la fois pour la première place du groupe et pour le classement des meilleurs deuxièmes, dont les quatre premiers disputeront les barrages africains avant une éventuelle phase intercontinentale. À quelques jours de la réception décisive du Soudan à Kinshasa, les Léopards peuvent se réjouir des trois points… mais pas du contenu.
Malgré la victoire, le constat demeure inchangé : la RDC souffre dans l’entrejeu. L’équipe manque d’un véritable meneur de jeu, capable d’organiser la relance, de créer des décalages et de trouver la profondeur. Ce déficit structurel pèse lourd sur la qualité collective : la défense est souvent mise à rude épreuve, et l’équipe subit le jeu de ses adversaires. Le revers face au Sénégal (2-3), où les Léopards avaient craqué après avoir mené 2-0, reste un exemple frappant.
Après trois ans de travail, Sébastien Desabre peine encore à donner une identité claire à sa sélection. Les automatismes tardent à se mettre en place, le jeu collectif reste saccadé, et les enchaînements offensifs manquent de fluidité. Peu de binômes s’affirment entre latéraux et ailiers, et l’équipe semble souvent jouer sans âme ni structure. Les succès reposent davantage sur des inspirations individuelles que sur un plan de jeu construit. Une réalité paradoxale pour une sélection pourtant parmi les plus talentueuses de son histoire.
Classée 9ᵉ en Afrique en valeur marchande — estimée à plus de 125 millions d’euros selon Transfermarkt —, la RDC dispose d’un vivier impressionnant. Mais cette richesse technique peine à se traduire en performance collective. Des joueurs comme Noah Sadiki, Ngal’ayel Mukau ou Grady Diangana pourraient apporter la créativité et la mobilité nécessaires dans l’entrejeu, à condition d’être utilisés dans des rôles correspondant à leurs profils.
Le constat est clair : ce n’est pas le talent qui manque, mais la cohérence tactique. Les joueurs brillent en club, mais peinent à s’exprimer en sélection. Il revient désormais au sélectionneur français d’adapter son dispositif, de libérer les individualités et de trouver la formule qui permettra à la RDC d’exploiter tout son potentiel. Les Léopards ont gagné à Lomé, oui — mais sans rugir. À présent, il faudra jouer, créer, et convaincre… s’ils veulent vraiment rêver du Mondial.
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