Dans un contexte de guerre qui ensanglante l’Est congolais depuis plus de trente ans, la voix de la France a résonné avec gravité à la tribune des Nations-Unies. Le président Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots : « Dans la région des Grands Lacs, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées. »
Un avertissement direct, lancé au monde entier, alors que la République Démocratique du Congo ploie sous le poids des offensives meurtrières du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda. Dans son adresse, le président français a rappelé l’urgence humanitaire dans les provinces meurtries du Nord et du Sud-Kivu. « Il faut rendre l’espoir à la population des Kivu et aux centaines de milliers de personnes qui y ont été déplacées », a-t-il martelé.
Macron a également annoncé la tenue, dès le mois prochain à Paris, d’une conférence internationale de mobilisation. Objectif : rassembler les acteurs capables de répondre à la crise humanitaire et de faire converger les initiatives de paix, dans une région où chaque négociation diplomatique semble aussitôt démentie par le fracas des armes.
Malgré les multiples médiations, notamment celles des États-Unis et du Qatar, les combats ne connaissent aucun répit. Depuis le début de l’année 2025, l’Est de la RDC a replongé dans un cycle infernal : massacres, déplacements massifs, viols utilisés comme arme de guerre, et villages entiers rayés de la carte. Le M23, rebelle bien connu, a renforcé ses positions en s’emparant de nouvelles zones stratégiques. Son alliance avec Kigali, que Kinshasa et plusieurs rapports onusiens dénoncent avec insistance, alimente une guerre par procuration où les civils congolais paient le prix le plus lourd.
Le paradoxe est cruel : l’Est congolais est l’une des régions les plus riches du monde en ressources minières cobalt, coltan, or mais cette richesse est devenue malédiction. Chaque gisement est un foyer de tension, chaque route minière un champ de bataille. Macron l’a rappelé : tant que l’exploitation illégale des minerais financera les groupes armés et leurs soutiens extérieurs, aucune paix durable n’est possible. D’où l’urgence, selon lui, de renforcer la traçabilité, d’imposer des contrôles indépendants et de sanctionner les trafiquants.
L’appel de Macron marque un tournant : la France, souvent accusée de prudence excessive face aux drames congolais, affiche désormais une position plus offensive. Mais les Congolais restent lucides : entre les grandes déclarations à New York et la réalité des massacres à Goma, Rutshuru ou Bunagana, l’écart est immense.
La balle est donc dans le camp de la communauté internationale : restera-t-elle spectatrice de ce drame, ou saisira-t-elle enfin la main tendue par Kinshasa pour briser le cycle de la guerre ?
Junior Kulele