Kinshasa ! Ce soir a reçu sa première pluie. Enfin… pas de quoi sortir les pirogues ni écrire des poèmes : juste un petit pluvinage timide, comme pour tester si les Kinois sont prêts pour le grand bal des averses. Spoiler : personne n’est prêt.
La Mettelsat, en bonne Cassandre des temps modernes, avait déjà sonné le gong : « Saison pluvieuse, saison dangereuse ». Mais comme d’habitude, on sourit, on hausse les épaules et on attend de voir. Sauf que même une goutte suffit pour réveiller les routes dégradées : elles s’effritent comme un biscuit trempé dans le thé. Quant aux chantiers de réhabilitation disséminés ici et là, ils ressemblent à des séries télé interminables : on ne sait plus s’il faut attendre le prochain épisode ou carrément changer de chaîne.
La circulation, elle, promet d’être un chef-d’œuvre. Imaginez Kinshasa, capitale mondiale de l’embouteillage à ciel bleu, sous des pluies dignes du déluge biblique. Klaxons en chœur, taxis-bus en ballet désordonné, motos en rodéo aquatique… Bref, un festival quotidien dont les Kinois sont à la fois spectateurs et victimes.
Mais derrière les sourires résignés, les craintes sont bien réelles : inondations, quartiers transformés en marécages, routes avalées par les eaux. Chaque année, c’est le même refrain : la saison des pluies, on l’attend comme une bénédiction, et on la redoute comme une malédiction. Elle rafraîchit l’air, mais elle noie les maisons. Elle lave les rues, mais elle emporte aussi les espoirs de routes durables.
En somme, Kinshasa entre dans cette saison comme on monte dans un taxi-bus bondé : avec la certitude qu’il y aura des secousses, des disputes et probablement un pneu crevé, mais avec l’ironie de se dire : « C’est ça, la vie kinoise ! »
Junior Kulele