Longtemps réduit au silence par les affres du temps et des dégradations, le mythique train Kinshasa–Matadi reprend peu à peu son souffle. Dans un pays où la route sature et où le fleuve ne suffit plus, voir de nouveau gronder une locomotive sur cette artère stratégique, c’est plus qu’un symbole : c’est une promesse de relance.

Ce week-end, le Directeur Général de l’Office National des Transports (ONATRA), Martin Lukusa, a conduit un voyage test sur la ligne ferroviaire Kinshasa–Kasangulu, étape décisive vers la réhabilitation complète du tronçon jusqu’à Matadi. Accompagné de son staff, il a tenu à marquer une halte au point kilométrique 326, avant la gare de Kasangulu, zone critique où la voie était restée coupée depuis plus de deux ans. « Nous avons voulu constater la qualité des travaux et rassurer la population : le chemin de fer redevient stable et sûr », a-t-il déclaré, la voix portée par le bruit des rails renaissants.
Le défi était de taille. Abandonnée durant des années, la voie avait été fragilisée par des actes d’incivisme : des trous creusés sous les rails, des affaissements, des faiblesses structurelles. Avant même de songer au passage d’un train, il a fallu réaligner, renforcer et stabiliser la plateforme. « Les sacs visibles sous certains rails, a précisé M. Lukusa, ne sont qu’un dispositif temporaire de stabilisation. Ils seront remplacés par du bétonnage définitif. »

Le message est clair : fini les expédients, place aux solutions durables. Pour l’ONATRA, l’ambition est de sécuriser l’ensemble du tronçon et de réduire considérablement le temps de parcours. En reprenant vie, la ligne Kinshasa–Matadi retrouve son rôle de colonne vertébrale du transport national. « Ce voyage de prospection est là pour dire à nos compatriotes que le train peut à nouveau circuler en toute sécurité », a insisté le DG de l’ONATRA.
D’ailleurs, pour tordre le cou aux scepticismes, il a lancé une formule sans équivoque : « On parlait de sacs de sable… Aujourd’hui, c’est du béton. Nous avons vu, nous avons vérifié : le train est passé, le génie civil a fait son travail, et les rails sont bel et bien praticables. »

Dans cette renaissance du rail, le confort des passagers n’est pas oublié. Trois catégories de sièges sont prévues : Classe VIP : 46 USD, Première classe : 23 USD, Deuxième classe : 17 USD. Autant dire que ce retour du train n’est pas qu’une opération technique, mais aussi une ouverture sociale, destinée à rapprocher davantage Kinshasa de Matadi, la capitale politique de la capitale économique.
Junior Kulele


