Kinshasa, dans les après-midi. La ville battait au rythme des tambours, des klaxons et des cris de fierté avant le coup d’envoi. Le Stade des Martyrs, comble et vibrant, portait les Léopards comme un seul homme. Mais au coup de sifflet final, l’espoir s’est mué en rage : après une défaite cruelle 3-2 face au Sénégal, la pelouse sacrée s’est transformée en exutoire de frustration.
Les images sont glaçantes. Des supporters en colère, incapables de contenir leur déception, ont arraché des sièges et les ont projetés sur le terrain. Les gradins du mythique stade, symbole du football congolais, portent désormais les stigmates d’une soirée noire. Des rangées entières de chaises sont brisées, jonchant le sol comme les illusions d’un peuple meurtri.
Les Lions de la Teranga, eux, ont regagné les vestiaires en sécurité, protégés par un important dispositif policier. Leur triomphe à Kinshasa, fruit d’une remontada historique après avoir été menés 2-0, a laissé le public médusé, puis furieux.
Cette explosion de rage ne restera pas sans suite. La Fédération congolaise de football (FECOFA) s’expose à de lourdes amendes et à des sanctions disciplinaires sévères. Le Stade des Martyrs, qui devait être le théâtre des espoirs de qualification, pourrait devenir un symbole de débordements regrettables. Car si la passion du football en RDC est légendaire, ces scènes d’émeute ternissent l’image d’un pays qui rêve de retrouver le Mondial. Ce soir, la défaite sportive s’est transformée en défaite morale.
Les supporters congolais ne visaient pas leurs adversaires. Pas d’agressions envers les joueurs sénégalais, qui sont sortis indemnes de ce chaos. La colère, pure et brute, s’est dirigée contre leur propre équipe, coupable à leurs yeux d’avoir laissé filer une victoire qui semblait acquise.
C’est toute la RDC qui souffre avec ses Léopards. Kinshasa, ville de passion et de ferveur, va se réveiller demain avec une gueule de bois. Les rues sont calmes, mais les images des sièges arrachés résonnent comme une blessure profonde, un cri d’amour mal exprimé pour ce sport qui unit autant qu’il divise.
Dans un stade qui a connu les plus belles pages du football africain, cette nuit restera comme un épisode sombre. Les gradins fissurés témoignent de l’excès d’émotion d’un peuple entier, prêt à tout pour voir son équipe triompher. Mais le football, ce soir, a perdu de sa magie. La RDC est toujours en course pour une qualification au Mondial 2026, mais avant de rêver de gloire, il faudra réparer les cœurs… et les chaises.
Junior Kulele