Kinshasa, capitale de toutes les émotions, s’apprête à vibrer au rythme des tambours, des chants et d’un rêve vieux de 51 ans : retrouver la Coupe du monde. Mardi soir, au Stade des Martyrs, les Léopards de la République Démocratique du Congo affrontent les Lions de la Teranga du Sénégal dans ce qui ressemble déjà à une finale du groupe B des éliminatoires africaines. Une rencontre sous haute tension, où le football dépasse les lignes blanches pour devenir une affaire nationale.
Depuis leur parcours remarqué à la dernière CAN, les Léopards n’arrêtent plus de rugir. Jeudi dernier, ils ont offert un récital face au Soudan du Sud (1-4), porté par un trio d’attaquants en feu : Cédric Bakambu, Yoane Wissa et Nathanaël Mbuku. Cette victoire a conforté la RDC à la première place du groupe B avec 16 points, juste devant le Sénégal (15 points), son adversaire direct.
Sous la houlette de Sébastien Desabre, la sélection congolaise a trouvé une identité claire : une défense mieux organisée, une solidarité collective et une efficacité offensive retrouvée. L’arrivée de l’international anglais Aaron Wan-Bissaka a renforcé une arrière-garde qui, autrefois friable, inspire désormais confiance.
« Bissaka est arrivé avec son statut de star, mais il reste au service du collectif », a souligné Desabre en conférence de presse, ajoutant que « le groupe est soudé et prêt à livrer une prestation à la hauteur des attentes du public ».
Face à eux se dresse un adversaire d’exception. Champion d’Afrique en 2022, le Sénégal arrive à Kinshasa avec une armada de stars évoluant dans les meilleurs clubs européens : Kalidou Koulibaly, Sadio Mané, Édouard Mendy, Pape Gueye, Krépin Diatta… Une génération expérimentée, habituée des grands rendez-vous.
Certes, les Lions de la Teranga ont montré quelques signes de fébrilité offensive malgré leur victoire (2-0) face au Soudan. Mais dans les grands matchs, leur maîtrise tactique et leur puissance physique peuvent faire basculer la rencontre à tout moment, notamment sur coups de pied arrêtés, une arme redoutable.
Le Stade des Martyrs, récemment homologué par la FIFA, se prépare à accueillir plus de 80 000 supporters dans une ambiance incandescente. Les rues de Kinshasa résonnent déjà des klaxons et des drapeaux verts, rouges et jaunes, tandis que les Léopards savent que ce match peut changer leur destin.
La RDC n’a plus disputé une Coupe du monde depuis 1974, sous le nom de Zaïre. Aujourd’hui, une nouvelle génération veut réécrire l’histoire. « Nous voulons valider tout le travail accompli et rendre au peuple ce rêve de Coupe du monde », a lancé Desabre, déterminé.
Pour espérer terrasser les Lions, les Léopards devront éviter leurs débuts de mi-temps souvent hésitants et rester concentrés face à la vitesse de Mané ou Ismaïla Sarr. Le milieu de terrain devra contenir la puissance sénégalaise, tandis que Bakambu et Wissa auront pour mission de convertir chaque opportunité. Mais au-delà des schémas tactiques, c’est le mental qui fera la différence. La ferveur populaire peut transcender les Congolais et transformer le Stade des Martyrs en véritable forteresse.
Sur 13 confrontations, la RDC compte 10 victoires, 1 nul et 2 défaites face au Sénégal. Une statistique qui nourrit l’espoir et l’ambition. Si les Léopards s’imposent, ils prendraient une option quasi décisive pour valider leur billet pour le Mondial 2026. Mardi à 17h, heure de Kinshasa, la capitale congolaise retiendra son souffle. Un pays entier rêve de vibrer à nouveau sur la scène mondiale. Et si, cette fois, l’histoire s’écrivait en lettres d’or ?
Junior Kulele
