La ville de Goma traverse une période sombre marquée par une montée inquiétante de la justice populaire. Depuis la prise de la ville par les rebelles de l’AFC-M23, les actes de violence extrajudiciaire se multiplient. Les habitants, excédés par l’insécurité croissante, prennent les armes contre ceux qu’ils soupçonnent de crimes, souvent sans preuve ni procès.
Depuis dix jours, au moins 17 personnes, accusées de vols à main armée ou de meurtres, ont été brûlées vives par la population dans différents quartiers. La plupart d’entre elles seraient d’anciens détenus ayant profité de l’évasion massive lors de la prise de Goma pour récupérer des armes abandonnées par les FARDC en fuite.
La situation sécuritaire est critique : chaque nuit, des tirs nourris et des détonations secouent la ville, alimentant la panique. Des pillages et exécutions ciblées sont signalés, et les nouvelles autorités peinent à instaurer l’ordre. L’incertitude règne, poussant la population à se faire justice elle-même.
Dans la nuit du 10 au 11 février, Kimanuka Musakura Prosper, chef du village de Kiziba 2, a été assassiné à son domicile avec ses deux filles par des hommes armés non identifiés. Ce drame a mis le feu aux poudres : ce matin, des jeunes en colère ont incendié plusieurs maisons, accusant leurs occupants d’héberger des criminels.
Dans ce climat de violence aveugle, le domicile familial d’un certain Ushindi – un criminel notoire récemment lynché par la foule – a été incendié. Pour beaucoup, ces actes de représailles ne font qu’alimenter un cercle vicieux de violence incontrôlable.
Le journaliste R. Katsuva, basé à Goma, tire la sonnette d’alarme : « Il y a risque de dérapage ! Ceux qui contrôlent la ville doivent reprendre la main sur cette situation. Trop de personnes mourront pour rien, innocemment. Puis leurs familles voudront se venger, et le cycle sera incontrôlable ! »
Les tensions ne cessent de monter. Ce matin encore, quatre individus armés ont été capturés et lynchés en pleine rue. Ces exécutions sommaires traduisent le ras-le-bol des habitants, mais elles posent un grave problème : sans une justice formelle, les erreurs et les règlements de comptes risquent de se multiplier, avec des victimes innocentes.
Face à cette escalade, les autorités locales et les forces de sécurité doivent agir rapidement pour restaurer l’ordre et empêcher que Goma ne sombre dans l’anarchie totale. Une répression sévère contre les criminels ne doit pas se substituer à une justice impartiale et organisée.
Sans une action immédiate, la ville risque de basculer dans un chaos incontrôlable, où chacun rendra justice à sa manière, avec des conséquences tragiques pour la population civile.
La rédaction de b-onetv.cd