Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2026, de la réforme majeure de la fiscalité directe, instituée par la loi n°23/053 du 30 novembre 2023. Cette réforme introduit deux impôts uniques : l’Impôt sur les Sociétés (IS) et l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP), remplaçant la multiplicité des taxes actuellement en vigueur.
Selon un communiqué du ministère des Finances, cette réforme vise plusieurs objectifs : Simplification : instaurer deux impôts uniques applicables à tous les types de revenus ; Équité fiscale : adapter la charge de l’impôt à la capacité contributive réelle des citoyens et entreprises ; Élargissement de l’assiette fiscale : accroître la transparence et réduire l’informalité économique ; Harmonisation internationale : aligner le système fiscal congolais sur les standards mondiaux de bonne gouvernance et de lutte contre l’évasion fiscale.
Le ministère précise que les textes réglementaires d’application – concernant notamment les retenues à la source, la fiscalité des micro-entreprises, du personnel domestique et les critères applicables aux États non coopératifs – sont déjà finalisés et publiés au Journal Officiel. Si Kinshasa présente cette réforme comme un levier de mobilisation des ressources internes et de consolidation de la gouvernance financière, plusieurs experts soulignent des obstacles majeurs.
Dans son rapport économique de juillet 2025, la Banque mondiale a pointé du doigt le poids des exonérations fiscales, qui fragilisent l’efficacité du système actuel : Les taux élevés de l’IS sont allégés par des exonérations temporaires destinées à attirer les investissements directs étrangers (IDE), mais ces avantages peuvent, à long terme, décourager certains investisseurs. Les déductions pour amortissement, inférieures à l’amortissement économique, limitent la capacité des entreprises à récupérer leur capital. L’IRPP, bien que progressif sur le papier, est affaibli par des exemptions et des plafonds qui créent des échappatoires fiscales.
La Banque mondiale dénonce également des mesures fiscales jugées inéquitables : « Certaines exonérations, notamment sur le carburant, profitent surtout aux ménages aisés, tandis que les taux inégaux sur l’alcool ne ciblent pas efficacement les produits les plus nocifs. Ces choix affaiblissent le rôle de la fiscalité dans la lutte contre les externalités négatives. »
Cette réforme de l’IS et de l’IRPP sera un test crucial pour le gouvernement congolais, qui ambitionne de moderniser son système fiscal, améliorer ses recettes intérieures et répondre aux exigences des bailleurs internationaux. Sa réussite dépendra de la capacité des autorités à réduire les exonérations abusives, à renforcer les contrôles fiscaux et à lutter contre l’informalité qui prive chaque année le Trésor public de milliards de francs congolais.


