Le réquisitoire de la peine capitale contre l’ancien président congolais Joseph Kabila fait trembler la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Selon Africa Intelligence, plusieurs capitales de la région voient dans cette affaire un risque sérieux pour la stabilité politique régionale.
Joseph Kabila, poursuivi pour trahison et participation à un mouvement insurrectionnel, est actuellement jugé par la Haute Cour militaire de Kinshasa. Mais l’ancien chef de l’État, qui dirigea la RDC de 2001 à 2019, brille par son absence aux audiences, laissant planer le doute sur l’issue du procès et sur sa propre sécurité politique.
À Harare, le président Emmerson Mnangagwa, allié historique de Kabila, a vivement critiqué les charges retenues, estimant qu’elles sont « disproportionnées ». Pretoria partage cette inquiétude. Le président Cyril Ramaphosa tente même d’initier une médiation régionale, allant jusqu’à proposer une rencontre tripartite avec Kabila et Mnangagwa, afin de prévenir une escalade. « Un tel précédent judiciaire contre un ancien chef d’État pourrait fracturer la confiance entre les pays de la région », avertit une source diplomatique citée par Africa Intelligence.
Cette affaire intervient dans un climat déjà tendu entre Kinshasa et ses partenaires de la SADC. La RDC n’a toujours pas honoré l’intégralité de sa contribution financière destinée à la force conjointe régionale déployée dans l’Est congolais. Ce retard alimente le malaise et fragilise davantage la coopération sécuritaire. La semaine dernière, le président Félix Tshisekedi s’est rendu en Afrique du Sud pour un entretien bilatéral avec Cyril Ramaphosa. Selon les observateurs, la question Kabila a dominé les discussions, preuve que le dossier dépasse désormais le cadre judiciaire congolais pour devenir un enjeu diplomatique régional.
Pour les États de la SADC, la condamnation éventuelle à mort de Joseph Kabila serait un séisme politique : jamais un ancien président de la région n’a subi un tel sort devant la justice militaire. Certains redoutent que ce procès, loin d’apporter justice et vérité, ne ravive des fractures internes en RDC et n’alimente des rivalités géopolitiques à l’échelle régionale.
Elrick Elesse