Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a formellement interdit aux médias et organes de presse opérant en République démocratique du Congo de diffuser toute information liée aux activités de l’ancien président Joseph Kabila ainsi qu’à celles de son parti politique, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD).
Cette décision a été rendue publique ce mardi 3 juin par Christian Bosembe, président du CSAC, lors d’une interview diffusée sur la radio Top Congo. Il a également étendu cette interdiction aux utilisateurs des réseaux sociaux. « Il est strictement interdit de diffuser, commenter ou accorder une quelconque tribune aux activités du PPRD, à ses membres, ainsi qu’aux déclarations ou déplacements de Joseph Kabila », a affirmé Christian Bosembe, précisant que cette mesure vise aussi les interviews et rencontres impliquant l’ancien chef de l’État.
Le président du CSAC insiste que cette mesure ne constitue ni une atteinte à la liberté d’expression, ni une forme de censure. Il évoque la nécessité d’empêcher, selon ses termes, toute « promotion d’activités subversives » à travers les canaux médiatiques du pays.
L’interdiction intervient alors que Joseph Kabila séjourne à Goma, dans le Nord-Kivu, où il conduit une série de consultations politiques. Ces initiatives font suite à son message du 23 mai, dans lequel il pointait la responsabilité du président Félix Tshisekedi dans la crise sécuritaire persistante à l’est de la RDC. Du côté du gouvernement, la ligne est désormais clairement tracée. Kinshasa soupçonne Joseph Kabila d’être lié à la coalition armée M23/RDF, accusée de graves violations des droits humains au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, avec l’appui du Rwanda.
La décision du CSAC vient ainsi appuyer celle du Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, qui avait déjà suspendu le PPRD de toute activité politique sur l’ensemble du territoire national. Cette escalade institutionnelle marque un tournant dans les tensions entre les autorités actuelles et l’ancien régime.
Emille Kayomba