La célèbre ligne ferroviaire Matadi–Kinshasa a renoué avec ses sifflements ce jeudi, marquant une étape symbolique pour le secteur des transports congolais. Après une longue période de léthargie, une locomotive flambant neuve, accompagnée de wagons modernisés, a parcouru les rails historiques reliant la capitale congolaise au port maritime de Matadi.
Dès les premières heures de la journée, des foules enthousiastes ont afflué le long du trajet, saluant ce retour tant attendu. À Mbanza-Ngungu, Kisantu et Kasangulu, la liesse populaire témoignait d’une véritable soif de voir renaître ce lien vital. Mais c’est à Kikonka, village emblématique perché sur les collines, que la ferveur a atteint son apogée : chants, danses et drapeaux aux couleurs nationales ont transformé la gare en une scène de fête populaire.
Inaugurée en 1898 sous l’époque coloniale, la ligne Matadi–Kinshasa, longue de 366 kilomètres, est un axe stratégique pour le pays. Elle relie la capitale au principal port maritime de la RDC, facilitant le transport de marchandises et de passagers. Au fil des décennies, le manque d’entretien et les crises économiques ont progressivement affaibli ce réseau, laissant place aux routes et au transport fluvial, souvent coûteux et peu sécurisés.
La reprise de ce service est le fruit des efforts conjoints de l’Office National des Transports (ONATRA) et du gouvernement, dans le cadre d’un vaste programme de modernisation des infrastructures. L’arrivée de cette nouvelle locomotive et de wagons modernes symbolise la volonté des autorités de réhabiliter le rail, un secteur stratégique pour désenclaver les provinces et stimuler l’économie.
Au-delà du simple voyage, ce train incarne un message fort : connecter les communautés et relancer les échanges commerciaux. Pour les habitants du Kongo Central, cette reprise est une bouffée d’oxygène. « Nous avions perdu espoir de revoir ce train circuler. C’est un jour historique pour notre région », confie Jeanne, commerçante à Kisantu. Ce renouveau ferroviaire devrait réduire les coûts de transport, favoriser le tourisme dans des zones comme les Chutes de Zongo ou le Jardin botanique de Kisantu, et renforcer la sécurité des déplacements sur cet axe vital.
Si ce redémarrage est salué, il reste à pérenniser ces acquis : entretien des infrastructures, formation des équipes techniques et extension progressive du réseau. Le gouvernement a annoncé vouloir faire du rail un moteur de développement, en connectant davantage Kinshasa aux provinces et en facilitant les exportations via le port de Matadi.
Pour les habitants, ce jeudi n’était pas seulement une journée de voyage, mais le début d’un nouvel espoir : celui d’une RDC qui investit dans son patrimoine ferroviaire et rapproche ses peuples.
Junior Kulele
