Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, est au centre des projecteurs à New York, où il prend part à la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Son séjour se distingue à la fois par sa désignation officielle comme vice-président de la session et par son plaidoyer appuyé pour la reconnaissance internationale des génocides commis en RDC, connus sous le nom de « Génocost ».
Dans un discours émouvant, le chef de l’État congolais a rappelé la mémoire de millions de victimes congolaises des atrocités et massacres perpétrés depuis près de trois décennies, en particulier dans l’Est du pays. « En ma qualité de Président de la République démocratique du Congo, je prends l’engagement de soutenir toutes les démarches sérieuses et crédibles visant à la reconnaissance des génocides commis sur notre territoire, à l’établissement des responsabilités et à la garantie pour les victimes de leur droit à la vérité, à la justice et à la réparation. Notre main reste tendue pour le travail commun », a déclaré Félix Tshisekedi.
Ce plaidoyer, relayé sous forme de vidéo largement diffusée, marque l’une des interventions les plus marquantes de ce sommet. En évoquant le concept de Génocost, Tshisekedi entend rappeler que la RDC a « payé le prix fort pour la paix et la stabilité en Afrique centrale » et que l’heure est venue pour la communauté internationale de reconnaître ces crimes à leur juste dimension.
Au-delà de cette prise de parole, Félix Tshisekedi a été propulsé vice-président de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU. Ce rôle lui confère des responsabilités de premier plan : suppléer le président en cas d’absence, présider certaines commissions, coordonner des travaux techniques et veiller à l’application du règlement intérieur.
Pour Kinshasa, cette désignation représente une victoire diplomatique. Elle renforce la visibilité internationale du pays et conforte la RDC comme un acteur central des débats multilatéraux.
Le chef de l’État congolais prononcera son discours officiel devant l’Assemblée générale le mardi 23 septembre à 19h (Kinshasa) et 20h (Goma). Son intervention devrait aborder trois grandes thématiques : la situation sécuritaire à l’Est du pays, toujours en proie aux violences de l’AFC/M23 et d’autres groupes armés ; La reconnaissance du Génocost comme étape cruciale vers la justice et la réconciliation ; et la place stratégique de la RDC dans la transition énergétique mondiale grâce à ses ressources naturelles (cobalt, lithium, cuivre).
La 80ᵉ session se déroule sur fond de multiples crises mondiales : guerre en Ukraine, tensions persistantes au Moyen-Orient, rivalités sino-américaines et urgence climatique. Dans ce climat, la RDC cherche à se positionner non seulement comme pays victime de conflits régionaux, mais aussi comme acteur incontournable de la stabilité africaine et de l’avenir énergétique mondial.
En marge des travaux, Félix Tshisekedi doit multiplier les rencontres bilatérales et multilatérales avec des dirigeants africains, européens et américains. Les discussions porteront sur : la sécurité régionale et la lutte contre le terrorisme, le pillage des ressources congolaises, et le financement du développement durable.
Il présidera également une importante activité organisée avec le Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits (FONAREV), renforçant ainsi son image de leader engagé pour la justice et la dignité des victimes.
Pour les observateurs, la vice-présidence de l’Assemblée générale et le plaidoyer sur le Génocost marquent un tournant pour la diplomatie congolaise. Félix Tshisekedi bénéficie d’une tribune mondiale sans précédent, qui lui permet de transformer la douleur historique de son pays en revendication politique et morale.
Reste à savoir si ce double positionnement – mémoire des victimes et rôle institutionnel à l’ONU – parviendra à peser sur l’agenda international, et à offrir enfin à la RDC la reconnaissance et la place qu’elle réclame sur la scène mondiale.
Junior Kulele