Kinshasa face aux inondations, le gouvernement annonce la démolition des constructions illégales. Les inondations répétitives qui frappent la capitale congolaise après chaque pluie mettent à nu les failles structurelles de son urbanisation. Ce mercredi 5 novembre, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, John Banza Lunda, a effectué une descente sur le site du pont Cabu, près du stade des Martyrs, pour constater les dégâts et annoncer une série de mesures radicales.
À chaque averse, Kinshasa se transforme en un vaste bassin d’eau. Des avenues inondées, des maisons submergées, des écoles et bâtiments publics paralysés : le tableau est devenu tristement familier. Les pluies diluviennes tombées la veille ont provoqué d’importantes crues, notamment sur le boulevard Triomphal, où les canalisations ont été obstruées par des constructions anarchiques.
Selon la cellule de communication du ministère, cette visite visait à évaluer l’avancement des travaux de désengorgement hydraulique et à annoncer la riposte du gouvernement contre les contrevenants. Face aux médias, le ministre a haussé le ton. « Nous avons un problème de conduites d’eau bloquées par des constructions anarchiques et sauvages. Et puisque ces comportements sont sauvages, la démolition sera la réponse. J’ai associé le gouvernement provincial pour que la loi soit appliquée », a martelé John Banza Lunda.
Le ministre a insisté sur la tolérance zéro envers les occupants illégaux installés sur des collecteurs ou conduites d’eau, qu’ils soient particuliers ou institutions. « Que le peuple de Kinshasa retienne : quiconque a construit sur un collecteur ou une conduite d’eau, nous allons casser. Que vous soyez puissant ou simple citoyen, la loi est imposable à tous »,
a-t-il averti.
John Banza Lunda a replacé cette action dans le cadre du programme de modernisation des infrastructures lancé par le président Félix Tshisekedi. Le ministre a déclaré être désormais en « état d’urgence infrastructurel », justifiant la rapidité des interventions par la nécessité de protéger la population et restaurer l’ordre urbain.
Il a confirmé le déblocage des fonds publics pour financer les opérations de démolition et a chargé le ministre provincial des Infrastructures, Mulumba, d’assurer une application stricte des décisions sur le terrain.
Sur le chantier du pont Cabu, dont la livraison est prévue dans neuf jours, le ministre a désigné les bâtiments illégaux comme principale cause de l’obstruction du réseau d’écoulement vers la rivière Kalamu. « L’eau ne peut plus atteindre la rivière, car des individus ont bâti sur les collecteurs. Cela ne peut plus durer », a-t-il ajouté, visiblement exaspéré.
En parallèle, le ministère a mis en place des équipes de contrôle permanentes pour veiller au respect des délais et à la qualité des ouvrages publics. Ces mesures s’inscrivent dans une logique de prévention durable des catastrophes urbaines. Entre avril et juin 2025, la capitale a déjà payé un lourd tribut aux pluies torrentielles : 29 morts et d’importants dégâts matériels, selon un bilan officiel. Des drames qui rappellent l’urgence de réorganiser l’espace urbain et d’imposer la discipline dans les constructions.
La campagne lancée par John Banza Lunda marque un tournant dans la gouvernance urbaine de la capitale. En prônant une approche ferme et transparente, le gouvernement espère inverser la tendance d’une ville souvent victime de son propre désordre. Kinshasa, mégapole en pleine expansion, est désormais appelée à réconcilier modernisation et respect des normes d’urbanisme, sous peine de voir chaque saison des pluies se transformer en désastre annoncé.


