Un appel lancé dans un contexte de guerre à l’Est. Le Président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a réaffirmé ce mardi 19 août 2025 la nécessité d’organiser un dialogue national inclusif. Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par la guerre d’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23, alors que la diplomatie congolaise est engagée sur plusieurs fronts pour mettre fin à la crise.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de son entretien avec Maxime Prévot, chef de la diplomatie belge, Vital Kamerhe a insisté sur la cohésion nationale comme condition essentielle pour faire face aux défis sécuritaires et politiques du pays : « Le Président entouré de toutes les forces politiques et sociales est plus fort qu’avec la seule majorité à l’Assemblée nationale », a-t-il affirmé.
Pour le président de l’Assemblée nationale, l’heure est à la mobilisation générale. « Qui veut la paix prépare la guerre. Mais je ne dis pas que nous allons faire la guerre maintenant. Nous sommes obligés de nous défendre. Mais ce que nous voulons, c’est le dialogue », a-t-il déclaré, soulignant la complémentarité entre la défense militaire et l’ouverture politique.
Cette orientation rejoint partiellement l’initiative portée par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), qui plaident depuis plusieurs mois pour un « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs ». Après avoir été initialement réticent, le président Félix Tshisekedi a accepté d’ouvrir des discussions avec ces deux confessions religieuses, allant même jusqu’à instituer une commission spéciale au sein de son cabinet pour approfondir les échanges.
À la suite de ces consultations, un Conseil Inter-Religieux Congolais (C.I.C.) a été mis en place, réunissant déjà huit confessions religieuses et ouvert à toutes les autres reconnues en RDC. Ce cadre de concertation a chargé ses experts d’évaluer les documents de cadrage proposés par la CENCO et l’ECC, notamment le « Guide du Pacte social » et le « Rapport d’information ».
Le rapport présenté le 11 août dernier a reconnu la qualité globale des textes, mais aussi relevé plusieurs insuffisances. Parmi les critiques formulées par certaines confessions, comme l’Église de réveil dirigée par Dodo Kamba, figurent l’absence de reconnaissance explicite de l’agression rwandaise via le M23 et le manque de référence aux acquis constitutionnels fondamentaux.
Entre l’appel de Vital Kamerhe, l’ouverture prudente de Félix Tshisekedi et la pression des acteurs religieux, l’idée d’un dialogue national reprend corps. Reste à savoir si ce processus pourra concilier toutes les sensibilités, sans éluder les questions fondamentales liées à l’agression étrangère, à la défense de la souveraineté et au respect de la Constitution.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de trouver une réponse durable à la crise sécuritaire, mais aussi de refonder la cohésion nationale autour d’un consensus politique et social plus large.
Junior Kulele