Le jeudi 24 novembre 1965, au petit matin, les Congolais découvrent le visage du nouvel homme fort du pays : le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu. Déjà bien connu pour son rôle dans l’armée et la politique depuis l’indépendance, Mobutu prend le pouvoir avec ses frères d’armes, remplaçant Joseph Kasa-Vubu à la tête de l’État. Voici les moments marquants de cette journée historique :
La préparation secrète
Sous prétexte de commémorer la prise de Stanleyville (actuelle Kisangani) aux rebelles de Christophe Ngbenye le 24 novembre 1964, Mobutu réunit le haut commandement militaire pour évaluer la situation politique. Kasa-Vubu, alors chef de l’État et de l’armée, est absent et non représenté.
Dans la nuit, depuis sa résidence au camp Tshatshi, Mobutu coordonne les préparatifs avec ses officiers supérieurs, coupés de tout contact extérieur. Il est assisté par son secrétaire particulier, le lieutenant Denis Ilosono, tandis que son épouse, Marie-Antoinette, s’occupe de nourrir les officiers. Les troupes sont positionnées aux points stratégiques de Léopoldville (Kinshasa).
Le coup d’État proclamé
5h00 : La Radio-Léopoldville commence à diffuser de la musique militaire.
5h30 : Le lieutenant Lonoh annonce officiellement la prise de pouvoir.
7h00 : Le colonel Malila remet à Kasa-Vubu une lettre de destitution signée par Mobutu. Kasa-Vubu, résigné, ne tente aucune riposte.
10h00 : Mobutu, entouré des membres du haut commandement militaire, s’adresse à la presse.
La légitimation par le Parlement
Dans l’après-midi, Mobutu convoque une session des deux Chambres au Palais de la Nation. Le président du Sénat, Sylvestre Mudingayi, lit la proclamation du haut commandement et le message du nouveau président. L’Assemblée nationale et le Sénat, élus lors des élections de mars-avril 1965, approuvent par acclamation.
Le gouvernement formé
Dans la soirée, Mobutu s’adresse aux militaires. Le colonel Léonard Mulamba est chargé de former un gouvernement d’union nationale. Ce gouvernement, investi par le Parlement avec seulement deux abstentions sur 258 votants, compte 21 membres représentant les 21 provinces du pays, ainsi que la capitale.
Composition du gouvernement Mulamba :
Ministres :
Affaires étrangères : Justin-Marie Bomboko
Agriculture : Alphonse Zamundu
Classes moyennes : Bernardin Mungul-Diaka
Défense nationale (rattachée au président) : Joseph-Désiré Mobutu
Éducation nationale : Abbé Athanase Ndjadi
Finances : Jean-Joseph Litho
Fonction publique : Michel Colin
Intérieur et Affaires coutumières : Étienne Tshisekedi
Plan : Jean-Marie Kititwa
Santé publique : Martin Tshishimbi
Transports et communications : Victor Nendaka
Travaux publics : Jean Bolikango
Commerce extérieur : Blaise-Oscar Mulelenu
Secrétaires d’État :
Affaires étrangères : Joseph Kulumba
Économie nationale : Eloï Mayala
Justice : Joseph N’Singa
Terres, Mines et Énergie : Michel Kabamba
Haut commissaires :
Information et Tourisme : Jean-Jacques Kande et Antoine Ngwenza
Jeunesse et Sport : Victor N’Joli et Théodore Mwamba
Les anciens ministres du gouvernement Kimba
Le nouvel exécutif compte cinq anciens membres du gouvernement Évariste Kimba du 18 octobre 1965 : Victor Nendaka (Intérieur), Jean-Joseph Litho (Finances), Jean-Marie Kititwa (Éducation), Abbé Athanase Ndjadi (Travail) et Alphonse Zamundu (Agriculture).
Un moment clé de l’histoire congolaise
Le 24 novembre 1965, Joseph-Désiré Mobutu s’impose comme président de la République démocratique du Congo, marquant le début de son long règne. Ce coup d’État, bien orchestré, est soutenu par le haut commandement militaire et légitimé par le Parlement, scellant son ascension au pouvoir.
La rédaction de b-onetv.cd