Vingt-cinq ans jour pour jour après l’un des épisodes les plus sanglants du conflit congolais, les plaies de la guerre des Six Jours restent béantes à Kisangani. Du 5 au 10 juin 2000, la ville fut le théâtre d’affrontements violents entre les armées rwandaises et ougandaises, provoquant la mort de plus de 1 000 civils, des milliers de blessés, ainsi que d’énormes dégâts matériels.
Aujourd’hui encore, les victimes et leurs familles attendent justice. Les survivants réclament non seulement la vérité sur les responsabilités de ce massacre, mais aussi des réparations pour les souffrances endurées. En ce triste anniversaire, Amnesty International a relancé un appel pressant à l’État congolais, l’invitant à prendre des mesures concrètes pour répondre à cette quête de vérité et de réparation.
« Ce silence prolongé constitue une seconde violence pour les victimes », déclare Amnesty dans un communiqué. « Il est temps que les autorités congolaises reconnaissent officiellement les souffrances vécues à Kisangani et œuvrent pour la justice. »
La guerre des Six Jours, souvent éclipsée dans les récits officiels de la guerre en RDC, fut pourtant un affrontement direct entre deux armées étrangères sur le sol congolais, au mépris du droit international. Kisangani, déjà fragilisée par des années de conflit, fut transformée en champ de bataille par les combats pour le contrôle économique et stratégique de la région.
Les bombardements aveugles dans les quartiers populaires ont laissé une ville traumatisée et marquée à vie. Des écoles, des hôpitaux et des habitations furent réduits en ruines. Aujourd’hui encore, de nombreuses familles vivent dans la précarité, portant le poids du silence et de l’indifférence.
Chaque année, des associations de survivants organisent des commémorations pour garder vivante la mémoire des disparus. Elles réclament l’ouverture d’enquêtes, la publication des rapports restés confidentiels et la reconnaissance officielle des responsabilités. De leur côté, les autorités congolaises ont maintes fois promis d’agir, mais les engagements restent lettre morte. À ce jour, aucune procédure judiciaire nationale ou internationale n’a abouti pour sanctionner les auteurs de ces crimes.
Dans un contexte où la RDC continue de faire face à de multiples crises sécuritaires, la reconnaissance des douleurs passées est essentielle pour reconstruire une mémoire collective juste et inclusive. Le 25e anniversaire de la guerre des Six Jours est l’occasion de poser un acte fort. « Le devoir de mémoire et de justice n’est pas une option, c’est une obligation morale et juridique », rappellent les défenseurs des droits humains.
Les victimes de Kisangani attendent toujours que les mots « vérité« , « justice » et « réparation » prennent enfin un sens réel. Un quart de siècle après les faits, l’histoire ne peut plus être mise entre parenthèses.
La rédaction de b-onetv.cd