Tandis que les États-Unis fêtent aujourd’hui leur 249e anniversaire d’indépendance, cette date hautement symbolique passe presque inaperçue en République Démocratique du Congo, où peu de citoyens savent que la première puissance mondiale est née d’une révolution sanglante contre la couronne britannique.

Aux États-Unis, le 4 juillet est célébré avec faste : feux d’artifice, parades multicolores, barbecues géants, défilés d’animaux de compagnie, expositions de voitures anciennes, ou encore séances de peinture sur clôture… L’ambiance est à la fois populaire, patriotique et joyeusement excentrique. Mais au-delà du folklore, cette journée commémore un tournant majeur de l’histoire moderne : l’adoption de la Déclaration d’indépendance par le Second Congrès continental à Philadelphie, le 4 juillet 1776.
Ce jour-là, les treize colonies américaines rompaient officiellement avec la Grande-Bretagne, après des années de tensions politiques, fiscales et militaires. Une décision fondatrice qui a jeté les bases de la première démocratie moderne, dans un monde alors dominé par les monarchies absolues. Inspirée des idées des Lumières, cette indépendance allait devenir un modèle universel pour d’autres peuples aspirant à la liberté.

Ironiquement, en République Démocratique du Congo, peu de Congolais connaissent la véritable origine de cette fête américaine. Beaucoup ignorent que les États-Unis, aujourd’hui symbole de puissance et de prospérité, sont nés dans la douleur, la guerre, et une quête acharnée de souveraineté.
Cette amnésie historique est d’autant plus marquante que l’influence des États-Unis est omniprésente en RDC, que ce soit à travers la coopération diplomatique, la culture populaire, les interventions politiques, ou récemment, à travers l’accord de paix signé à Washington entre Kinshasa et Kigali.
Il est également intéressant de rappeler que les États-Unis furent signataires du Traité de Berlin en 1885, ce texte controversé qui a redessiné les frontières du continent africain et officialisé la création de l’État indépendant du Congo sous l’autorité du roi Léopold II. Un paradoxe historique que peu d’analystes abordent, mais qui révèle la longue histoire de rapports stratégiques entre Washington et le Congo.

En ce 4 juillet 2025, alors que les Américains célèbrent leur indépendance, la RDC est elle-même engagée dans un combat continu pour la paix, la souveraineté et la stabilité, notamment à travers les récents mécanismes de sécurité avec ses voisins. Comprendre la genèse de l’indépendance américaine, c’est aussi saisir le poids des luttes historiques et les fondements idéologiques qui ont inspiré bien des mouvements de libération à travers le monde, y compris en Afrique.
C’est peut-être là une opportunité pour les Congolais d’interroger leur propre histoire, de revisiter leurs alliances et de réfléchir à ce que signifie, au fond, le mot indépendance, dans un monde encore largement façonné par les puissances historiques.
Elrick Elesse