À la veille de l’arrêt très attendu de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga-Lonzo, prévu sauf changement ce mercredi 14 mai 2025, les tensions montent au sein de l’Assemblée nationale. Des députés nationaux, regroupés autour du Collectif C50, pressent le bureau de la chambre basse du Parlement à intégrer à l’ordre du jour et à adopter sans délai un projet de résolution visant à clarifier, sur le plan institutionnel, la position de l’Assemblée face à ce dossier explosif.
L’initiative, relancée une nouvelle fois ce lundi 12 mai par le député Alfred Dibandi Nzondomyo, élu de Libenge (Sud-Ubangi), a mis en lumière un malaise croissant chez certains parlementaires qui dénoncent la mise à l’écart du projet de résolution. Ce texte, soutenu par plus de 100 députés, vise à dénoncer les atteintes présumées aux immunités parlementaires de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, principal accusé dans cette affaire.
« Mon objection est en rapport avec l’ordre du jour, autant que l’a souhaité le Collectif C50. Aujourd’hui, plus de 1/5 des membres de l’Assemblée ont saisi le bureau avec ce projet. Le dossier de notre collègue Matata Ponyo, dont les immunités sont mises en mal, devient préoccupant. Le bureau semble ignorer la voix des élus », a dénoncé Alfred Dibandi, appelant à l’alignement immédiat du projet à l’ordre du jour.
Cette interpellation a été soutenue par l’élu de Moba (Tanganyika), Christian Mwando Nsimba, qui a fustigé la confusion entre les initiatives personnelles de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, et les actes institutionnels que doit poser l’institution parlementaire.
« Il ne faut pas confondre les démarches personnelles du président Kamerhe, que nous saluons, avec les décisions collectives que nous devons prendre en tant qu’Assemblée. Le dossier suit son cours, la Cour continue à siéger. Si demain une décision tombe, que fera-t-on ? Allons-nous remettre en cause le président de l’Assemblée pour avoir échoué ? », a-t-il interrogé.
Mwando a également déploré le mépris du bureau vis-à-vis de la proposition de résolution soutenue par 1/10 des députés, comme le prévoit pourtant le règlement intérieur de l’Assemblée.
Un climat d’urgence autour de l’affaire Matata Ponyo
Après plusieurs reports, le procès de l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo dans le dossier de la débâcle du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo a connu une tournure décisive. Le mercredi 23 avril, le procureur général près la Cour constitutionnelle a requis à son encontre 10 ans de travaux forcés, assortis d’une peine identique de servitude pénale et de 10 ans d’inéligibilité. Le ministère public a en outre ordonné, séance tenante, son arrestation immédiate.
Deux autres figures majeures sont également visées : Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, ancien gouverneur de la Banque centrale, risque 5 ans d’inéligibilité, tandis que l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobler Stephanus pourrait être expulsé définitivement du territoire congolais.
Les prévenus, absents à la dernière audience, ont été jugés par défaut sur la base des dépositions des inspecteurs de l’Inspection générale des finances (IGF), qui ont mené l’enquête sur les détournements présumés dans ce méga-projet évalué à des centaines de millions de dollars.
Alors que les regards sont désormais tournés vers la Cour constitutionnelle, la fronde parlementaire menée par le Collectif C50 pourrait raviver les débats sur la séparation des pouvoirs, la protection des immunités parlementaires et la responsabilité institutionnelle des élus dans un contexte judiciaire de plus en plus politisé.
La rédaction de b-onetv.cd