Le député national et ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a officiellement décidé de suspendre sa participation aux audiences de la Cour constitutionnelle dans le cadre de l’affaire dite Bukanga-Lonzo, où il est poursuivi pour des faits présumés de détournement de fonds publics.
Dans une correspondance adressée au Président de la Cour constitutionnelle et réceptionnée ce lundi 21 avril 2025, Matata Ponyo justifie sa décision en se fondant sur la position adoptée par l’Assemblée nationale lors de sa plénière du 17 avril. À cette occasion, la chambre basse du Parlement a estimé que les poursuites engagées contre le député violent la Constitution ainsi que le Règlement intérieur, en ce qu’elles ont été lancées sans la levée préalable de ses immunités parlementaires.
« Les poursuites diligentées contre le député national Matata Ponyo que je suis, dans la cause sous R.P.0002, sont inconstitutionnelles et violent également le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, en ce qu’elles sont exercées contre un député national couvert par ses immunités parlementaires », écrit-il dans sa lettre.
La plénière de l’Assemblée nationale a, selon Matata, exigé de la Cour constitutionnelle qu’elle se conforme strictement à la procédure prévue par la Constitution. En conséquence, il annonce son refus de continuer à comparaître, se pliant aux exigences de l’institution parlementaire à laquelle il appartient.
La prochaine audience est prévue pour le 23 avril 2025. La Cour constitutionnelle devrait y poursuivre l’instruction du dossier et entendre un autre prévenu : Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo.
De son côté, le professeur Raphaël Nyabirungu, coordinateur du collectif d’avocats de Matata Ponyo, a dénoncé lors d’une conférence de presse la manière dont la justice traite son client. Il accuse les juges de vouloir « malmener » l’ancien Premier ministre, sans respecter les principes élémentaires de l’État de droit.
« On ne peut pas juger deux fois une même affaire. Comment peut-on juger un député national sans vérifier si ses immunités ont été levées ? La Cour constitutionnelle doit respecter l’article premier de la Constitution, qui consacre l’État de droit », a-t-il déclaré.
L’affaire Bukanga-Lonzo, qui concerne la gestion controversée d’un projet agro-industriel de plus de 200 millions de dollars, implique également l’homme d’affaires sud-africain Christophe Krobler. Malgré les multiples demandes de remise formulées par les avocats des prévenus pour mieux préparer leur défense, la Cour a ouvert l’instruction le 14 avril dernier. Matata Ponyo, interrogé ce jour-là, avait affirmé ne pas être prêt à répondre, faute de temps suffisant pour étudier le dossier.
Alors que le procès se poursuit dans un climat tendu, le bras de fer entre la Cour constitutionnelle et le Parlement pourrait raviver le débat sur le respect des immunités parlementaires et les principes fondamentaux du droit en République Démocratique du Congo.
La rédaction de b-onetv.cd